A l'occasion d'une journée consacrée aux effets indésirables des traitements antirétroviraux et à la pharmacovigilance, organisée par le groupe interassociatif TRT-5 (qui regroupe les associations majeures de la lutte contre le SIDA), le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, a indiqué qu'un « plan de prévention » de l'infection par le VIH était « en cours de redéfinition ». Ce plan sera ciblé sur « les groupes aujourd'hui les plus exposés (...) notamment dans les lieux de rencontres et de pratiques sexuelles ». Le ministre a également recommandé de « prendre en compte la situation spécifique des femmes », notamment celles qui sont « insuffisamment informées ou soumises à des violences ».
Le ministre s'est soucié des effets indésirables des traitements antirétroviraux qui compromettent la qualité de vie des malades. Ainsi, la lipoatrophie du visage (perte de graisse au niveau des joues) est très mal ressentie par les malades. « Elle peut conduire, note Bernard Kouchner, à une reconnaissance de la maladie par des personnes tierces, elle peut donc être stigmatisante, conduire à des abandons de traitement. » Il propose « d'étudier les modalités de prise en charge par l'assurance-maladie » de la lipoatrophie par des « produits de comblement ».
Un groupe de travail sur la chirurgie réparatrice
Une étude est en cours d'évaluation à la Pitié-Salpêtrière et « les résultats provisoires semblent répondre aux attentes », selon le ministre.
De son côté, le groupe TRT-5 souligne qu'il existe des techniques de chirurgie réparatrice, mais qu'en l'absence de remboursement leur tarif (10 000 F) « instaure une inégalité flagrante entre les malades ». Selon le TRT-5, Bernard Kouchner doit mettre en place un groupe réunissant notamment les associations, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et des produits de santé (AFSSAPS) et l'assurance-maladie, qui devra travailler sur l'évaluation et le remboursement de ces produits et de ces techniques.
En ce qui concerne les troubles de l'érection, qui sont l'un des autres effets indésirables des traitements, le ministre s'est interrogé sur l'opportunité d'inscrire la maladie à VIH dans la liste des maladies donnant droit au remboursement du Viagra. « Il nous faut en débattre (...) Je ne peux pas faire ces démarches avant d'en évaluer le coût », a précisé le ministre. D'autant que les effets secondaires éventuels du Viagra, ses interactions avec les autres médicaments sont à prendre en compte, en particulier en ce qui concerne les antiprotéases.
Demeure un autre problème : celui de l'échec thérapeutique, face auquel un produit nouveau, appelé T-20, des Laboratoires Roche, suscite des espoirs. Selon le groupe TRT-5, les laboratoires « refusent de mettre en place un accès compassionnel à la mesure des besoins des malades ». « Dès que les espoirs paraissent fondés, c'est-à-dire dès la phase 2, il faut favoriser la mise à disposition compassionnelle. Cette mise à disposition doit être envisagée avant la phase 3 - envisagée, pas permise - pour que les quantités de produits disponibles répondent à la fois aux besoins des études de phase 3 et aux besoins de prescription à titre compassionnel ». Le ministre compte engager une rencontre avec les firmes pharmaceutiques concernées.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature