AU DEPART, un simple constat énoncé par Pierre Le Sourd, président du Leem (Les Entreprises du médicament) : « Aujourd'hui, 39 % des nouveaux médicaments sont issus des biotechnologies. » Avec des projections de croissance de l'ordre de 20 % par an, l'enjeu des biotechnologies est donc de taille, d'autant que si le poste de recherche et développement dans ce secteur d'activité est important aux Etats-Unis, qui y consacrent chaque année 20,5 milliards de dollars, l'Europe est nettement à la traîne, avec seulement 7,6 milliards de dollars en recherche et développement.
En Europe même, la France est distancée dans le domaine des biotechnologies par l'Allemagne et le Royaume-Uni, si l'on considère le nombre d'entreprises spécialisées dans ce secteur. Enfin, la France ne contribue qu'à hauteur de 7 % au nombre de molécules développées par des sociétés de biotechnologies en Europe (31 molécules issues de la recherche française, contre 194 au Royaume-Uni et 79 en Suisse, à titre d'exemple).
Faciliter les échanges.
D'où la décision du Leem de se doter d'un « comité biotechnologies », dont la mission, selon Pierre Le Sourd, sera « en s'appuyant au sein du Leem sur l'expertise et les compétences déjà développées par les grandes et moyennes entreprises de rassembler et mobiliser pour la première fois en France tous les acteurs des biotechnologies impliqués dans le médicament, afin de faciliter les échanges et les partages, et de faire émerger de nouvelles propositions pour permettre à la France de jouer le rôle auquel elle peut prétendre ». Et Pierre Le Sourd de préciser que, dans un contexte pharmaceutique international dominé par la perte des brevets de plusieurs molécules phares (le chiffre d'affaires mondial réalisé par ces molécules phares en fin de brevet est de l'ordre de 80 milliards de dollars et va être en partie grignoté par les génériqueurs dans les prochaines années), le défi des biotechnologies n'en est que plus important à relever. D'autant que, selon le Leem, il n'est pas trop tard pour réagir : 50 % des maladies présentes dans le monde restent aujourd'hui sans traitement efficace, ce qui laisse un champ immense à la recherche. Et, depuis quelques années, la France tente de se donner les moyens de réduire le retard pris, avec des initiatives gouvernementales comme le plan Innovation, ou le nouveau statut de « jeune entreprise innovante » auquel peuvent prétendre les entreprises de biotechnologie émergentes.
Au programme des travaux de ce comité, un plan investissement devrait être présenté aux pouvoirs publics dans les prochains mois et deux études devraient également être prochainement publiées : la première sera consacrée aux apports thérapeutiques des médicaments issus des biotechnologies, la seconde s'attachera à décrire les processus de production en biotechnologie. Ce comité est dirigé par Marc de Garidel, également président d'Amgen France, filiale d'une société américaine de biotechnologie.
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