L E président George W. Bush a redonné vie à la politique dite de « Mexico City » interdisant toute assistance financière à des programmes encourageant, à l'étranger, l'IVG comme méthode de contrôle des naissances. Cette mesure vise principalement des organismes de planning familial soutenant les interruptions volontaires de grossesse dans les pays du tiers-monde. « J'ai la conviction que l'argent des contribuables ne devrait pas servir pour payer des avortements ou pour les promouvoir activement ici ou là », a souligné le chef de la Maison-Blanche, en annonçant l'abrogation des dispositions prises par l'administration Clinton en 1993.
En revanche, Washington n'a « pas l'intention de limiter » la capacité des organismes récipiendaires à « traiter des blessures ou des maladies causés par des avortements légaux ou illégaux, ou des soins post-IVG ». Aussi, les programmes de planning familial jusqu'alors concernés continueront à bénéficier de subventions américaines, d'un montant de 425 millions de dollars pour l'année en cours. Il est à noter que la décision du nouveau président coïncide avec le 28e anniversaire d'un arrêt historique de la Cour suprême du 22 janvier 1973, dans l'affaire « Roe contre Wade », qui légalise les interruptions volontaires de grossesse.
Les Etats-Unis restent l'un des rares pays du monde occidental où cette question soulève encore fréquemment les passions et perdure comme enjeu du débat politique. Pourtant, 1,1 million d'avortements y sont pratiqués chaque année. En juin dernier, la Haute Cour, composée de neuf juges, a réaffirmé le droit des femmes à recourir à l'IVG. Mais le vote de la Cour suprême n'a été arraché que d'extrême justesse, par cinq voix contre quatre. Il pourrait suffire de deux juges antiavortement pour faire basculer la majorité. Or le président Bush sera appelé, lors de son mandat, à procéder à de nouvelles nominations. Ainsi, sans remettre complètement en cause le droit, la Cour suprême pourrait décider que l'IVG relève de la seule souveraineté des Etats fédérés, comme c'est le cas pour l'application de la peine de mort.
Du côté des démocrates, l'heure est à la vigilance. « Je crains que nous entrions dans une période troublée, durant laquelle nous allons devoir nous battre », prévient Betty Friedan, considérée comme la « mère des féministes » outre-Atlantique.
En outre, la décision de George W. Bush a reçu immédiatement un écho en Europe. « C'est un pas en arrière », a estimé la commissaire européenne chargée des Affaires sociales, Anna Diamantopoulou. Et la Suède, qui préside actuellement l'Union européenne, pourrait aborder le sujet lors du prochain sommet UE - Etats-Unis.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature