Cancer du pancréas : l’IRM seule pourrait constituer une stratégie de dépistage chez les patients à haut risque

Publié le 10/04/2015
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Crédit photo : S. TOUBON

Un programme de dépistage reposant sur l’IRM a permis de détecter des lésions précancéreuses ou des cancers précoces chez 40 % des patients à risque élevé de cancer du pancréas, selon les résultats d’une petite étude observationnelle publiée dans « JAMA surgery ».

Il n’existe actuellement pas de test de dépistage pour le cancer du pancréas. Les patients ne présentent pas de symptômes cliniques et la maladie est donc généralement diagnostiquée à un stade tardif, ce qui complique le traitement. En France, environ 5 % des personnes ayant un cancer du pancréas survit cinq ans après le diagnostic. Chez les patients pour lesquels l’ablation complète de la tumeur est possible, le taux de survie à cinq ans est d’environ 20 %, après chimiothérapie.

En cas de prédispositions familiales et génétiques, les sociétés savantes recommandent l’établissement d’un programme de dépistage et de surveillance. Mais la stratégie la plus efficace, sur le plan clinique et économique, ne fait pas encore l’unanimité.

Une étude chez 40 patients

Des chercheurs du Karolinska Institute de Stockholm, en Suède, ont évalué les résultats, à court terme, d’un programme de dépistage reposant sur l’utilisation de l’IRM seul – c’est-à-dire sans tomodensitométrie ou ultrasonographie endoscopique. Cette approche serait la plus simple, non-invasive, et peu onéreuse. Leur étude a porté sur 40 personnes, dont le risque de cancer du pancréas était dix fois supérieur à celui de la population générale, à savoir : des personnes avec un historique familial de cancer pancréatique, avec au moins 2 parents de premier degré atteints, des patients avec un syndrome de Peutz-Jeghers, et des porteurs de mutations p16, BRCA2 ou BRCA1.

Sur une période de 13 mois environ, l’IRM a permis de détecter des lésions pancréatiques suspectes chez 16 patients. Parmi ces derniers, 5 ont ensuite été opérés : 3 pour des cancers du pancréas, 2 pour des tumeurs intracanalaires papillaires mucineuses avec dysplasie modérée. Les 35 autres patients, eux, restent sous surveillance continue.

D’après le Dr Mark Talamonti, de l’Illinois, auteur d’un commentaire accompagnant l’étude, « Ces résultats montrent que certains patients à haut risque peuvent bénéficier d’une détection précoce et d’une intervention chirurgicale ; cependant, le nombre limité de patient dans l’étude, et la durée réduite de suivi des patients non-opérés, font qu’il est trop tôt pour dire si un dépistage reposant uniquement sur l’IRM est la stratégie recommandable. »

Ce dernier rappelle que, dans la majorité des cas (90 %), le cancer du pancréas est diagnostiqué chez des patients sans facteurs de risques connus et, qu’en pratique, il n’existe pas de biomarqueur permettant une détection précoce. « Dans la population générale, le dépistage par radiographie ou par endoscopie n’a aucun intérêt clinique ou économique, vu que les cancers du pancréas ne représentent que 3 % des nouveaux cancers chaque année. »

Clémentine Wallace

Source : lequotidiendumedecin.fr