P OUR étudier l'association entre le risque de cancer du sein et les consommations de fruits et légumes, Stephanie Smith-Warner (Harvard School of Public Health, Boston) et coll. ont réuni les données de huit études prospectives. Ils en publient leurs conclusions dans le « JAMA ». Le « Pooling Project of Prospectives Studies of Diet and Cancer » a pris en considération un total de 351 825 femmes, groupe où sont apparus 7 377 cas de cancer du sein invasif. Les auteurs ont pris en compte la consommation de fruits et légumes de manière globale et aussi analytique, en développant par catégories. Ainsi ont-ils considéré les fruits sans jus, les fruits à jus, les jus de fruits, les fruits au total, les légumes et les jus de légumes (pris en compte comme le total des légumes) et la somme du tout.
Ainsi, ont été étudiés huit sous-groupes botaniquement définis et 17 sortes de fruits et légumes. La composition du régime a été évaluée au départ dans chacune des études à l'aide d'un questionnaire spécifique. Afin de tenir compte des différences de proportion individuelles de ration, les prises alimentaires ont été analysées en grammes consommés par jour.
Pour ce qui est de la consommation de fruits, les résultats montrent une association avec le risque de cancer du sein s'étageant entre une réduction de 3 % et une augmentation de 1 % pour une consommation de 100 g par jour. Pour les légumes, les estimations vont d'une réduction de 10 % à une augmentation de 10 % du risque, pour une prise quotidienne de 100 g.
« Le risque de cancer du sein n'est que de 3 % à 9 % plus faible chez les femmes dans le décile le plus élevé de consommation de fruits et légumes comparativement au décile le plus bas », écrivent les auteurs. S'il existe de fait une réduction du risque, elle n'est pas retrouvée de manière constante dans tous les travaux et elle n'atteint pas la significativité.
Pas d'association forte et significative
Les auteurs ne sont pas parvenus à identifier un sous-groupe de végétaux consommables pour lequel il existe une association forte et significative avec cette réduction de risque. Ainsi, il n'existe pas d'association pour les légumes verts feuillus (épinards, laitue, brocolis...). Pas plus que pour les composés (laitue, endive...), les crucifères (brocolis, choux...), les cucurbitacés (melons, courgettes...), les légumineux (pois lentilles...) les rutacés (pamplemousses, oranges...), les solanés (pommes de terre, tomates) et les ombellifères (carottes, céleri).
Différentes études épidémiologiques avaient pourtant suggéré une réduction du risque de cancer du sein avec une habitude de consommation alimentaire de végétaux. Mais, soulignent les auteurs du Pooling Project, la plupart des travaux ont été menés sous forme d'études cas-contrôle, dans lesquelles des biais de sélection ou de recueil a posteriori des données ont pu fausser les résultats.
Ce qui n'enlève rien au fait que les fruits et légumes peuvent offrir une protection contre d'autres types de cancer et contre les maladies cardio-vasculaires, rappelle Martha L. Slattery (Salt Lake City) dans un éditorial associé. De nombreuses études épidémiologiques ont convaincu d'une diminution du risque des cancers oro-pharyngés, sophagiens, pulmonaires, gastriques et coliques. L'association pour ce qui est du pancréas, du sein et de la vessie ne reste pour l'heure qu'hypothétique.
« JAMA », 2001 ; 285 : 787-794.
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