CONGRES HEBDO
L 'ETUDE CARDIOSPOT, réalisée durant les deux premiers trimestres 1999, a été mise en place afin d'évaluer la prise en charge de l'insuffisance cardiaque en ambulatoire. « Cette étude a été conduite en partenariat avec les laboratoires Lipha Santé et placée sous le contrôle d'un conseil scientifique », a tenu à souligner le Pr Michel Komajda. Soixante et onze cardiologues libéraux ont été sélectionnés par tirage au sort à partir d'un échantillon national et ont participé à ce travail ; chacun d'entre eux a inclu les dix premiers patients suivis en ambulatoire présentant une insuffisance cardiaque ; pour chacun d'entre eux, le spécialiste était chargé de remplir une fiche de renseignements. L'analyse de ces documents a permis d'obtenir un instantané photographique de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque en ambulatoire.
50% d'HTA associée
L'âge moyen des malades était de 73 ans, les deux tiers étaient des hommes. « Avant 70 ans, explique le Pr Michel Komajda, l'insuffisance cardiaque est prédominante chez l'homme (81 %), l'inverse est observé après 80 ans. » L'insuffisance cardiaque était associée dans la moitié des cas environ à une maladie hypertensive et/ou à un antécédent d'infarctus du myocarde. La répartition des 600 malades inclus suivant la classification fonctionnelle NYHA était la suivante : plus de 85 % étaient classe II/III, 6 % classe IV et 9 % classe I.
Cinquante pour cent des malades classe I et plus de 70 % de ceux classe IV avaient été hospitalisés précédemment pour insuffisance cardiaque. L'hospitalisation dans les 12 mois avant l'enquête concernait en moyenne 20 à 40 % des patients, pourcentage variant selon la sévérité de l'insuffisance cardiaque ; la durée moyenne de l'hospitalisation était de 13 jours.
« Ce constat est en accord avec les données de la littérature. Cette durée d'hospitalisation était supérieure à 20 jours pour les malades de classe IV.
Le diagnostic d'insuffisance cardiaque avait été porté par un cardiologue dans 57 % des cas, dans 37 % des cas par un généraliste et dans 6 % par une autre catégorie de praticien », a indiqué le Pr Komajda.
Quatre-vingt-onze pour cent des patients recevaient un traitement médical : 8 % d'entre eux était sous monothérapie, 22 % sous bithérapie, 70 % sous polythérapie.
75 % des patients étaient sous diurétiques, 58 % sous inhibiteurs de l'enzyme de conversion, 36 % sous digitaliques, 20 % sous dérivés nitrés, 12 % sous bêtabloquants « alors que la majorité des patients étaient en classes II et III correspondant aux recommandations actuelles de prescription de cette dernière classe thérapeutique », souligne le spécialiste.
La prescription des bêtabloquants concernait 20 % des patients en classe I et 10 % des patients en classe IV alors que ce ne sont pas les indications de prescription.
Au-delà de 80 ans, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion n'étaient prescrits qu'à 45 % des patients. « Autrement dit, le facteur âge influence la prescription des IEC, affirme le Pr Komajda. Au cours de l'étude, des modifications thérapeutiques sont survenues et ont concerné un tiers des malades de classe I à III et deux tiers des malades de classe IV : les cardiologues ont réduit le taux de prescription des digitaliques pour les classes I et II, car ce n'est pas une indication recommandée, ils ont augmenté légèrement le taux de prescription des bêtabloquants des classes II et III et pour la classe IV la prescription de diurétiques a été significativement augmentée. »
Bien prescrire les bêta-bloquants
Cette étude a des limites :
« C'est un instantané photographique qui n'a pas été prolongé par un suivi de la cohorte des malades,explique le spécialiste.
Aucune information ne permet de connaître les motifs de non prescription des classes thérapeutiques recommandées, en particulier IEC et bêtabloquants. Nous n'avons pas identifié la spironolactone en tant que telle dans le traitement diurétique. »« Néanmoins, on peut conclure, grâce au recueil des données de cet observatoire, que les patients insuffisants cardiaques suivis en ambulatoire sont des patients âgés, essentiellement de classes NYHA II et III ; est liée insuffisance cardiaque de façon prédominante à un infarctus du myocarde, une hypertension et elle est associée comme dans la littérature à des hospitalisations fréquentes et régulières. Malgré les recommandations, des progrès thérapeutiques restent à accomplir puisque moins de 60 % des patients recevaient des IEC et la prescription de bêtabloquants dans cette cohorte était marginale »,
a conclu le spécialiste.
D'après la communication du Pr Michel Komajda (hôpital Pitié-Salpétrière, Paris)
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