S YNDICATS et pouvoirs publics ont indéniablement fait un pas en avant dans la négociation sur l'évolution des carrières des 725 000 agents des hôpitaux publics.
Au terme d'une séance marathon de plus de douze heures, ils ont décidé vendredi au petit matin de se retrouver jeudi prochain afin de se mettre d'accord sur un projet de protocole.
Du côté du gouvernement, la modeste copie des débuts de la négociation a été bien étoffée. En direction tout d'abord des 200 000 personnels soignants de la fonction publique hospitalière. Aux infirmières sont ainsi proposés une carrière en deux grades au lieu de trois, un quota d'accès au deuxième grade doublé en trois ans, des émoluments de fin de carrière 7 % plus élevés que ce qu'ils sont aujourd'hui. Les quelques 16 000 infirmières spécialisées, en grève depuis près de deux mois, bénéficieraient, via un classement en catégorie A, d'une augmentation de salaire moyenne de 5 % (11 % en fin de carrière) ; leurs retraites seraient également revues à la hausse. Quant aux 25 000 cadres soignants (surveillants, surveillants chefs et infirmiers généraux), ils auraient leur propre corps (en catégorie A, divisé en deux grades) et leurs rémunérations seraient en fin de carrière supérieures de plus de 15 % à ce qu'elles sont actuellement. Les salaires des sages-femmes seraient revalorisés.
Du grain à moudre
Les personnels techniques, administratifs et ouvriers de la fonction publique hospitalière sont eux aussi repartis vendredi du ministère de l'Emploi et de la Solidarité avec du grain à moudre. Création d'un corps d'attachés d'administration hospitalière, renforcement des agents chefs, qualification des ouvriers professionnels spécialisés, revalorisation de la carrière d'ingénieur hospitalier, hausse des rémunérations des aides de laboratoire et de pharmacie... : les pouvoirs publics ont sorti de leur chapeau nombre de propositions qui peuvent encore être affinées jeudi. Après quoi, elles seront, le 14 mars, soumises à la signature des organisations de personnels (CGT, CFDT, FO, UNSA, SUD, CFTC, CFE-CGC et SNCH).
Alors que le ministère parle de « grosse percée », les syndicats restent pour l'instant sur la défensive.
Des réticences
Tous reconnaissent qu'il y a des « avancées » dans la négociation, mais tous regrettent aussi que les propositions du gouvernement laissent certains des 80 métiers de la fonction publique hospitalière sur le bord de la route.
Majoritaire à l'hôpital, la CGT note ainsi que « des catégories restent peu ou pas revalorisées, notamment les adjoints administratifs, les adjoints des cadres hospitaliers, les secrétaires médicales, la maîtrise ouvrière, les aides-soignantes (...) ». Elle ajoute que « plus de la moitié des agents ne bénéficiera pas de mesures immédiates, notamment dans la filière soins ». « Le compte n'y est pas » non plus pour FO qui juge que « de trop nombreux corps (restent) sans réponse positive ». La CFTC souligne que les propositions des pouvoirs publics sont « insatisfaisantes » pour les bas salaires, estime que le toilettage du statut des infirmières ne permettra pas d'attirer à l'hôpital public davantage de recrues. Même le SNCH (Syndicat national des cadres hospitaliers), « globalement satisfait » dans la mesure où plusieurs de ses revendications ont été prises en compte, regrette qu'ait été maintenu à l'hôpital le « faible écart » de revenus entre les cadres et les non-cadres.
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