Carte Vitale : près de 50 % des médecins libéraux télétransmettent

Publié le 22/01/2001
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B IENTOT, la moitié des médecins libéraux télétransmettront des feuilles de soins électroniques (FSE). Selon la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), 47 % des 104 621 praticiens inscrits dans son fichier ont déjà franchi le pas à la date du 10 janvier (contre 16 % il y a un an). La CNAM vise 80 % de télétransmissions à l'horizon 2003.

Mais le taux moyen de 47 % cache une grande disparité entre les médecins généralistes, dont le taux de télétransmission atteint 63 %, et les spécialistes, dont seulement 27 % envoient des FSE aux caisses.
De même, l'avancée de la télétransmission reste très inégale selon les caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM). Avec 82 % de médecins émetteurs de FSE (95 % pour les généralistes), la CPAM d'Epinal caracole toujours en tête. Derrière elle figurent les caisses de Montbéliard, Pau, Foix, Mont-de-Marsan, Roanne, Cahors, Gap et Laon, où de 72 à 80 % des médecins libéraux utilisent déjà le système Sesam-Vitale. En queue de peloton, on trouve les caisses des DOM-TOM (avec un taux de télétransmission inférieur à 15 %) et celle de Paris (20,6 %).
En tout, une quinzaine de caisses - dont Bastia, Ajaccio, Nanterre, Auxerre, Lyon, Melun, Evry, Laval, Marseille, Longwy... - n'atteignent pas 40 % de médecins réalisant des FSE.
Les caisses primaires jointes par « le Quotidien » affirment toutes n'avoir « observé aucun impact significatif sur le flux des FSE » des mots d'ordre de grève du Syndicat des médecins libéraux (SML).
Le SML, qui réclame aux caisses d'assurance-maladie et au ministère « une réponse satisfaisante à l'ensemble des problèmes techniques et juridiques que posent l'informatisation et la télétransmission », a en effet reconduit le 4 janvier sa grève totale des FSE pour une période de trois mois. Le président du SML, le Dr Dinorino Cabrera, précise que le mouvement lancé par son syndicat vise surtout à « rompre la pente ascendante des médecins qui démarrent la télétransmission ». Le SML « ne réalise pas de comptage des médecins qui suivent le mot d'ordre de grève », mais en Lorraine, où la CSMF avait, elle aussi, appelé à la grève de la télétransmission (« le Quotidien » du 8 novembre), le mouvement semble avoir un impact.
Gérard Giora, responsable de la division maladie/informatique de la CPAM de Longwy (Meurthe-et-Moselle), reconnaît que « les appels à la grève font stagner le taux de généralistes réalisant des FSE autour de 40 % depuis novembre 2000 ». « Une majorité de généralistes n'a pas démarré la télétransmission pour différents motifs, poursuit Gérard Giora. Ils estiment que la compensation financière n'est pas assez importante, préfèrent attendre leur connexion au réseau Liberalis ou encore l'arrivée de la carte individuelle Vitale 2 ».
A Paris, le directeur-adjoint de la CPAM, Wilfred Smadja, tient à souligner que, si l'opposition des syndicats médicaux « est à l'origine du retard et du blocage initial », il observe actuellement « une accélération depuis octobre du nombre de professionnels qui démarrent la télétransmission ». Il explique les piètres résultats enregistrés par la caisse de Paris par « la sociologie médicale qui ne facilite pas Vitale », à savoir un fort taux de généralistes ayant un exercice particulier, de nombreux spécialistes (66 %) dont beaucoup exercent en clinique où la CPS ne fonctionne pas.

Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6840