C HEZ les sujets atteints d'un cancer hématologique, la chimiothérapie détruit les éléments figurés du sang. Une destruction telle, qu'un traitement par greffe de moelle peut se justifier. Mais de récents travaux ont montré que la transplantation de cellules hématopoïétiques allogéniques restaure plus rapidement le stock de ces éléments sanguins, apparemment sans augmentation de l'incidence de la réaction du greffon contre l'hôte.
Pourtant, une comparaison de la fréquence de ces réactions au cours de l'une et l'autre voie thérapeutique restait à faire. Les données faisaient l'objet de débats, notamment à propos des taux de réactions du greffon contre l'hôte aiguës et chroniques, de la survie globale et de la survie sans rechute.
172 patients atteints d'un cancer hématologique
William I. Bensinger et coll. (Washington, Etats-Unis) ont donc lancé une étude randomisée afin d'évaluer ces taux. Ils rapportent le résultat de leur travail dans le dernier « New England Journal of Medicine ». Ces auteurs ont enrôlé, de mars 1996 à juillet 1999, 172 patients âgés de 12 à 55 ans, tous atteints d'un cancer hématologique. Ils avaient été traités par chimiothérapie à haute dose avec ou sans radiothérapie associée. Par randomisation, les patients ont été désignés pour recevoir soit une transplantation de moelle, soit des cellules sanguines périphériques mobilisées grâce à un facteur de croissance, le filgrastim (G-CSF recombinant) chez un parent HLA compatible.
Comme on pouvait s'y attendre, la récupération des neutrophiles et des plaquettes a été plus rapide dans le groupe ayant reçu la greffe de cellules hématopoïétiques que dans celui ayant reçu une greffe de moelle. A 100 jours, l'incidence cumulée des réactions greffon contre hôte aiguës de grade II, III et IV a été de 64 % chez les premiers et de 57 % chez les seconds (risque relatif : 1,21, intervalle de confiance : 95 %, p = 0,35). En ce qui concerne l'incidence cumulée des réactions chroniques, elle était de 46 % en cas de greffe de cellules hématopoïétiques périphériques, contre 35 % en cas de greffe de moelle (risque relatif : 1,16, intervalle de confiance : 95 %, p = 0,54). L'analyse mathématique montre que la différence pour ces deux réactions n'est pas statistiquement significative entre les deux groupes.
La probabilité globale de survie à deux ans
En revanche, en ce qui concerne l'estimation de la probabilité globale de survie, à deux ans, la greffe de cellules du sang périphérique apporte de meilleurs résultats. De fait, 66 % des patients de ce groupe survivaient à ce terme, contre 54 % du groupe qui avait reçu une greffe de moelle (risque relatif de décès : 0,62, IC : 95 %, p = 0,06). Il en va de même pour le taux de survie sans rechute à deux ans, avec 65 % chez les premiers, contre 45 % chez les seconds (risque relatif : 0,6, intervalle de confiance : 95 %, p = 0,03).
Ainsi, les auteurs américains ont confirmé à plus long terme le bénéfice de la greffe de cellules hématopoïétiques périphériques sur la réaction greffon contre hôte. Elle majore également la survie et la survie sans rechute par rapport à la transplantation de moelle, mais ce résultat, précisent-ils, doit être relativisé dans la mesure où il ne s'agissait pas d'un objectif de départ de leur travail. Ils montrent, enfin, que les principaux bénéficiaires de cette alternative thérapeutique sont ceux dont le cancer hématologique est le plus avancé. Un résultat qui peut être attribué à un moindre risque de pneumonie interstitielle et de rechute de l'affection causale.
« New England Journal of Medicine », vol. 344 , 18 janvier 2001, pp. 175-181.
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