Aprés avoir reçu trois rapports de l'Académie de médecine, le président Chirac leur a commandé un nouveau travail (AFP)
L E président est content du travail de l'Académie de médecine. La preuve : prenant connaissance des rapports qu'elle lui remettait, à sa demande, il repasse commande et instaure le principe d'un rapport annuel « sur un certain nombre de grands problèmes de santé ». Pour 2002, Jacques Chirac a retenu les troubles de la nutrition chez l'adolescent, ainsi que « les actions de prévention et la façon dont on pourrait valoriser et mettre à leur juste place les actions de prévention en France ».
Points noirs
Les rapports 2001 (« le Quotidien » du 2 mars) témoignent que les académiciens savent faire montre d'acrimonie, par exemple quand, examinant « la situation internationale de la France du point de vue du coût et de l'efficacité des soins médicaux », ils dénoncent « les points noirs de la situation française » en termes de moyenne d'état de santé, soulignant « la place importante » des facteurs socio-économiques et des inégalités régionales, ainsi que les différences de l'offre de soins. Plus véhéments encore, ils pointent « le malaise croissant du personnel médical » et « la crise aiguë » traversée tant par la médecine libérale que le secteur hospitalier : « N'est-il pas choquant d'être contraints à des limitations arbitraires concernant certaines thérapeutiques médicales ou chirurgicales particulièrement efficaces ? » demande, par exemple, l'Académie.
Dysfonctionnement permanent des services d'urgence, niveau insuffisant de la rémunération de la consultation, absence de codage des actes médicaux, fiasco du carnet de santé, retards de la carte Vitale et problèmes posés par la télétransmission, réduction du nombre des installations en zone rurale et dans les banlieues défavorisées, insuffisance de la rémunération pour le suivi des maladies chroniques, la prévention ou l'éducation sanitaire, représentativité inadéquate des médecins auprès des organismes sociaux, telles sont quelques-unes des doléances que les académiciens ont inscrites dans leur cahier.
Des mesures pour la fin de vie et contre la douleur
Les autres rapports ne se départissent pas de sens critique. Ainsi, pour l'accompagnement de la fin de vie, l'Académie n'hésite pas à contester les chiffres du ministère de la Santé : elle compte 58 unités de soins palliatifs quand celui-ci en recense 90, 108 équipes mobiles contre 164. Quoiqu'il en soit, le rapport propose au président un certain nombre de mesures : priorité à l'hospitalisation à domicile, moins budgétivore (coût journalier de 1 200 F contre 3 à 5 000 F/journée à l'hôpital), mais surtout préférée par une large majorité des Français ; aide, formation et soutien apportés aux familles ainsi qu'aux bénévoles et à leurs associations ; retour au premier plan du médecin de famille, à l'image de celui « de jadis, qui connaissait bien son patient et son entourage », un médecin coordinateur entre le patient, les équipes mobiles et les structures hospitalières.
L'Académie préconise un renforcement des formations pour l'ensemble des acteurs (création en troisième cycle des études médicales d'une compétence ou d'une capacité avec délivrance d'un certificat interdisciplinaire, de deux modules obligatoires avec stages en deuxième cycle, l'un sur la douleur, l'autre sur les soins palliatifs). Naturellement, ces derniers doivent faire l'objet de nouvelles unités spécialisées dans les CHU et les hôpitaux généraux, tout comme les équipes mobiles, selon des coordinations confiées à des comités de pilotage régionaux.
Le dernier rapport, sous la direction des Prs Louis Auquier et Michel Arthuis, fait le point sur « les avancées dans le domaine des douleurs et leur traitement chez l'adulte et chez l'enfant ». Déplorant qu'en ce domaine les avancées scientifiques soient limitées par rapport à d'autres secteurs de la médecine, l'Académie recommande un soutien de la recherche sur les mécanismes de la sensation douloureuse, sur les nouvelles molécules antalgiques majeures ; elle demande la facilitation des prescriptions de morphine et l'augmentation des pompes à morphine. Il faudrait encore un enseignement obligatoire en 2e et 3e cycles, avec des stages en unité spécialisée.
Les mêmes recommandations s'appliquent pour le petit enfant, avec quelques améliorations spécifiques, comme la nécessité d'utiliser une méthode d'anesthésie cutanéo-muqueuse pour toutes les manuvres quotidiennes en médecine quotidienne.
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