Essai de traitement précoce ou de chimioprophylaxie en ambulatoire, collecte de données sémiologiques spécifiques aux patients vus en ville, remontée des problématiques organisationnelles rencontrées en soins primaires, etc. : en marge des grandes études médiatiques menées à l’hôpital, la recherche sur le Covid-19 tend de plus en plus à se tourner vers la ville et au moins une vingtaine de projets impliquent des médecins de famille, selon le Collège de la médecine générale. Le Généraliste s’est penché sur ces initiatives et vous propose de découvrir chaque jour l’une d’entre elles. Aujourd’hui focus sur le projet Covigie.
Portée par des organisations de soignants de premier recours dont la Société Française de Médecine Générale et le Collège de la médecine générale, Covigie a été lancée le 15 avril afin de faire remonter les tendances-clés et les signaux faibles constatés par les soignants de premier recours impliqués dans la prise en charge des patients Covid. « Les autorités sanitaires ne disposent pas aujourd’hui d’un relais d’informations structurées leur permettant de bénéficier d’une vision agrégée et en continu des retours d’expérience des soignants de premier recours », explique le Dr Jean-Marie Cohen, médecin généraliste à Paris et coordonnateur de Covigie. D’où la mise en place de ce projet.
Grâce à la plateforme Covigie, médecins libéraux, infirmiers, pharmaciens, travailleurs sociaux, coordinateurs d’équipes de soins, directeurs d’EPHAD… peuvent signaler en un temps minimal et d’une manière très souple les problèmes liés au Covid-19 qu’ils rencontrent, les solutions qu’ils ont pu éventuellement y apporter ainsi que les signaux cliniques faibles (symptômes, pharmacovigilance…) qu'ils observent. Ces données brutes sont ensuite synthétisées et remontées au jour le jour aux autorités (ARS, URPS, préfets, gouvernement, parlementaires) pour orienter les politiques, suggérer des pistes pour la sortie de crise avec une analyse de ce qui se passe au plus près du terrain.
Interrogations cliniques
Une première synthèse des résultats confirme les problèmes d’accès et de mise en place des mesures-barrières rencontrées en soins primaires notamment concernant les masques. Les difficultés d’accès aux tests PCR des soignants de ville pour eux-mêmes sont aussi évoquées. Les retards de prise en charge des patients non Covid constituent une autre préoccupation récurrente. Témoins du flou qui persiste sur ces questions, les difficultés concernant l’interprétation des examens biologiques sont aussi fréquemment rapportées de même que les difficultés d’accès à l’information validée.
Cette première synthèse témoigne aussi des interrogations cliniques posées par la maladie en soins primaires, avec des questions concernant des atteintes de type radiculite, des précordialgies typiques à ECG normal, des récidives et/ou persistance de frissons, des douleurs thoraciques à bilan normal vers J21 ou J28 ou encore des formes purement dermatologiques.
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