Réduire l'insulinorésistance
MEME SI L'ON connaît le rôle négatif des acides gras saturés (AGS) et l'effet protecteur des fibres, la responsabilité d'autres nutriments comme les protéines, les hydrates de carbone ou l'alcool méritait d'être mieux précisée. Tel a été l'objectif d'une étude danoise, Inter99 Study, dont les premiers résultats viennent d'être présentés (C. Lau, Danemark). Six mille sept cent quatre-vingt-quatre adultes âgés de 30 à 60 ans ont participé à cette enquête qui comprenait un questionnaire sur leurs habitudes de vie, un examen clinique et un bilan biologique permettant de calculer l'index Homa d'IR. Six mille deux cents dossiers ont pu être exploités. A l'inclusion, les patients avaient un BMI de 29 kg/m2 et ils consommaient 34 % de l'énergie totale sous forme de lipides.
Dans un premier temps, les auteurs ont examiné l'impact de tel ou tel nutriment sur l'index d'IR. Ils ont montré qu'une augmentation de la ration de lipides est associée à une élévation de l'index d'IR (p < 0,001) ; une augmentation de la ration de protéines ne modifie pas l'Homa ; une augmentation de la ration d'hydrates de carbone diminue cet index, tout comme l'alcool. Ces résultats persistent après ajustement de l'âge, du sexe, du tabagisme, de l'activité physique, de l'IMC et du tour de taille.
Dans un deuxième temps, les auteurs ont analysé l'impact de la substitution d'un nutriment par un autre. Ainsi, ils ont montré que le remplacement d'une part de l'énergie due à l'alcool par des protéines, des lipides ou des hydrates de carbone est suivi d'une baisse de la sensibilité à l'insuline. A l'inverse, le remplacement de l'énergie lipidique par des hydrates de carbone améliore l'index d'IR (p < 0,01), de même que le remplacement de l'énergie des protéines par des hydrates de carbone (p < 0,05). Enfin, le remplacement des protéines par des graisses ne modifiait pas l'IR. Cette première analyse de l'étude doit être complétée par une autre plus fine, notamment pour déterminer quelle est la responsabilité exacte des composants d'une même famille de nutriments : tous les hydrates de carbone se valent-ils ? tous les sucres simples (fructose, lactose, saccharose, glucose) ont-ils le même impact ? parmi les acides gras, certains ont-ils un rôle neutre ou protecteur (Agmi, Agpi, oméga 6, oméga 3) ?
Le régime méditerranéen plébiscité
Les résultats présentés par C. Lau concordent avec bien d'autres travaux montrant un bénéfice du régime méditerranéen chez les patients atteints d'une maladie cardio-vasculaire et/ou présentant un syndrome métabolique. Pour sa part, C. V. Phenekos (Grèce) a montré que l'adoption d'un régime méditerranéen permettait de modifier rapidement (28 jours) les paramètres du syndrome d'IR. Vingt-deux volontaires de sexe masculin, âgés de 48 ans en moyenne, ont remplacé leur alimentation habituelle par une de type méditerranéen (isocalorique), c'est-à-dire riche en fibres, en hydrates de carbone complexes, en Agpi et en Agmi. Leurs paramètres anthropométriques et biologiques ont été mesurés au début et à la fin de l'essai. Après 28 jours, le poids n'avait pas varié ; en revanche, le tour de taille avait significativement diminué, ainsi que le taux de triglycérides et la pression artérielle systolique ; l'index Homa s'était amélioré (p = 0,01).
Un autre travail (scandinave) a étudié l'impact vasculaire des Agmi et des oméga 3. Cent soixante-deux sujets sains ont reçu pendant trois mois un régime riche soit en Agmi, soit en AGS ; puis, dans chacun des groupes, les patients ont été randomisés et ont reçu soit des oméga 3, soit un placebo. Ainsi, la PAS et la PAD des patients du groupe Agmi avaient significativement diminué (PAS - 2,2 %, p = 0,009 ; PAD - 3,8 %, p = 0,0001), alors qu'aucune modification n'était observée dans le groupe AGS. L'addition d'oméga 3 n'a pas changé ces résultats. A noter que le bénéfice des Agmi sur la PAD disparaissait quand la ration totale de lipides dépassait 37 % de l'énergie. Par ailleurs, le régime AGS avait tendance à augmenter le facteur VII, cette tendance devenant significative quand l'apport total de lipides dépassait 37 %. Il n'y avait pas de différence entre les groupes Agmi et AGS concernant le fibrinogène, le facteur de Willebrand, la PAI-1, l'alpha 2-macroglobuline ou la fraction F1+2 de la thrombine. L'addition au régime d'acide gras oméga 3 diminuait significativement l'alpha 2-macroglobuline (p = 0,0002) et le facteur de Willebrand (p = 0,019).
Enfin, L. A. Powell (Grande-Bretagne) a présenté les résultats d'un travail expérimental, analysant l'impact des acides gras sur la fonction endothéliale. Celui-ci a montré que l'élévation du glucose activait des facteurs de transcription comme le Ppar gamma qui s'accompagne d'une élévation de l'expression des molécules d'adhésion (sélectine E, Vcam-1, Icam-1). Il a aussi mis en évidence que l'acide oléique diminuait l'expression du Vcam-1 et de l'Icam-1 quand le taux de glucose était normal, mais qu'il perdait cet effet lorsque le taux de glucose s'élevait. De même, l'acide linoléïque (oméga 6) activait l'expression de la sélectine E si le taux de glucose était élevé, et diminuait celle de Vcam-1 si le taux de glucose était normal. Ainsi l'effet des acides gras sur la fonction endothéliale varie en fonction du taux de glucose.
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