Le diabète est une maladie qui favorise les troubles cardiovasculaires et neurologiques. La neuropathie diabétique, notamment, se caractérise par l'atteinte des voies périphériques végétatives et somatiques. « Cela peut engendrer des lésions du système nerveux autonome provoquant une diminution du monoxyde d'azote responsable de la relaxation des fibres musculaires lisses. Mais aussi, une lésion des fibres sensitives pouvant se traduire par des troubles de la sensibilité avec une importante diminution du message érotique », souligne le Dr André Corman. Les troubles hormonaux (tels que l'hypogonadisme) sont fréquemment associés au diabète de type 2. Le diabète peut, en outre, engendrer des problèmes psychologiques : altération de l'estime de soi, dépendance et médicalisation d’actes de la vie quotidienne, surprotection de la partenaire… « Tous ces éléments peuvent, à un moment donné, retentir sur la vie intime et sexuelle du patient diabétique », précise le Dr Corman.
Équilibrer le diabète
La prévalence de la dysfonction érectile (DE) augmente avec la durée du diabète, l'âge du patient et lorsque le diabète est mal contrôlé. « Souvent, la DE ne s'exprime qu'à partir de 10 ans d'évolution et progresse avec les années », indique le Dr Corman. Le risque de DE augmente avec la survenue de complications cardiovasculaires, rénales et neurologiques. « Il convient donc de surveiller toutes les microcirculations du patient diabétique car lorsqu'elles sont mal contrôlées, elles peuvent retentir sur la qualité de l'érection », ajoute le Dr Corman. La qualité du contrôle glycémique influence la fonction érectile : un diabète bien équilibré engendre moins de troubles sexuels qu'un diabète mal équilibré. La prévalence du syndrome du déficit en testostérone est, également, très élevée chez le patient diabétique. Ainsi, « la DE peut être plus sévère que chez le non diabétique. Cette sévérité potentielle de la DE du diabétique implique encore davantage la nécessité de la dépister et de la traiter », assure le Dr Corman.
Une prise en charge efficace…
La palette thérapeutique actuelle pour traiter un patient diabétique souffrant de troubles sexuels est performante. Il convient, en premier lieu, d'agir sur les facteurs de risque modifiables : améliorer l'équilibre du diabète, obtenir la suppression du tabac et de l'alcool, réduire l'excès de poids, faire pratiquer un exercice physique régulier et traiter toutes les comorbidités associées au diabète. « Concernant la DE, l'utilisation des IPDE5 permet à 50 à 60 % des diabétiques de recouvrer des érections suffisantes pour une activité sexuelle satisfaisante. À condition, néanmoins, d'observer les règles de prescription et les diverses modalités de prise de ces médicaments. Malgré ces formidables progrès thérapeutiques, seuls 25 % des patients diabétiques souffrant de DE sont aujourd'hui pris en charge pour cette pathologie », note le Dr Corman.
... mais peu connue
En novembre 1999, un an après la sortie du Viagra, à la demande du ministère de la Santé, le comité consultatif national d'éthique (CCNE) a pourtant, indiqué, dans son avis n°62 que l'activité sexuelle est une « expression et un facteur de bien être ». Et que sa « défaillance peut être traitée par la médecine ». « Cet avis marque, pour la première fois, la possibilité pour la médecine de s'impliquer dans la sexualité (non pas reproductive mais en termes de qualité de vie). Le médecin est, ainsi, légitimé à aborder cette question de façon pro-active avec le patient. Pourtant, dans les faits, peu de patients, diabétiques notamment, consultent pour leurs troubles sexuels », regrette le Dr Corman. Le même avis du CCNE indique que « la médecine doit agir à une meilleure prise en charge de la vie sexuelle dans toute sa complexité ». « Or les médecins manquent souvent de formation sur ce sujet, ce qui explique leur faible implication dans le dépistage et le traitement de la DE. Le sexologue doit donner l'alerte en communiquant sur ce sujet. Plus il est présent dans le parcours de soins, mieux il incite le soignant à repérer les difficultés sexuelles, grande source de souffrance chez le patient diabétique », conclut le Dr Corman.
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