Prise en charge de l'endométriose

De nouvelles recommandations pour la pratique clinique

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Publié le 18/12/2017
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endométriose

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Crédit photo : PHANIE

Maladie bénigne qui peut avoir un impact majeur sur la qualité de vie, l’endométriose touche globalement de 10 à 15 % des femmes en période d’activité génitale. Les disparités dans la prise en charge de cette maladie sont réelles avec un délai moyen au diagnostic est de 7 ans.

Globalement, la tendance des recomandations pour la pratique clinique, présentées lors des journées nationales du CNGOF, est de bien poser les indications des examens complémentaires tels qu’échographie, IRM, ou coloscanner. Ces derniers doivent être réalisés par des praticiens ayant une connaissance de l’endométriose et à même de rechercher toutes les localisations de la maladie afin d’éviter de répéter les investigations. Le traitement médical doit être efficace et bien toléré et s’appuyer si besoin sur les consultations d’algologie chez les femmes souffrant de douleurs importantes. Les cœlioscopies à visée diagnostique doivent être évitées et les indications opératoires mieux ciblées, en particulier en cas d’endométriose ovarienne pour ne pas affecter la réserve ovarienne. Enfin, une réflexion nationale est menée sur la définition de centres experts et de centres de compétences afin d’améliorer le parcours de soins et garantir une quantité de prise en charge thérapeutique optimale.

Une maladie hétérogène

Une étude génétique publiée dans le « NEJM » montre qu'il existe des mutations somatiques dans 80 % des lésions d'endométriose profonde sans cancer, mais aussi, qu'un quart de ces lésions infiltrantes seraient porteuses de mutations oncogènes « driver » ou « pilote ». L'endométriose profonde sans cancer peut être associée à des mutations oncogènes. Ces résultats suggèrent un degré d'hétérogénéité supplémentaire dans cette maladie aux multiples profils, (péritonéale superficielle, ovarienne, profonde) qui reste encore bien méconnue. Pour les chercheurs, ces mutations pourraient être une caractéristique intrinsèque de l’endométriose. Une meilleure compréhension des gènes altérés par des changements somatiques pourrait apporter de nouvelles connaissances dans la pathogénie et l'hétérogénéité de la maladie pour mieux informer sur le diagnostic, la pratique clinique et les options thérapeutiques, d'une façon similaire à l'amélioration des traitements dans certains sous-types spécifiques de cancer.

Les ultrasons HIFU, un espoir thérapeutique

On sait qu’après échec des traitements médicamenteux, le seul recours est une chirurgie lourde, souvent compliquée, durant une hospitalisation de 7 à 10 jours. Le Pr Gil Dubernard (chef du service de gynécologie obstétrique de l’Hôpital de la Croix-Rousse à Lyon) a eu l'idée de détourner l’appareil Focal One de son indication première : le traitement du cancer de la prostate. La procédure qui utilise des ultrasons focalisés à haute intensité (HIFU) est pour le moment évaluée dans le cadre d’un protocole de recherche clinique. Au cours d’une intervention de 3 à 4 minutes, les ultrasons 10 000 fois plus élevés que la normale visent à dévitaliser le nodule à une température comprise entre 85 et 95° sur une zone très localisée. Les tissus environnants sont protégés par une sonde rectale remplie d’eau. La brièveté de l’intervention, mais aussi l’absence de complications, l'immobilisation réduite de la patiente, lui permet de quitter de l’hôpital dès le lendemain. Pour l’équipe des HCL, il s’agit de « l’avenir de la prise en charge de l’endométriose ».

Dr  Bertrand Demangeon

Source : Le Quotidien du médecin: 9628