Q UI fréquente les consultations de dépistage anonymes et gratuits du VIH (CDAG) ? Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), qui a mené l'enquête auprès de 120 sites de dépistages différents (1), il s'agit d'une population « multipartenaire », en majorité hétérosexuelle.
Les hommes prédominent, le sex-ratio (homme/femme) étant globalement de 1,2. Les 20-29 ans sont plus représentés (54,4 % des personnes) que les autres. En revanche, les moins de 20 ans sont en priorité des filles. La plupart des personnes (94,7 %) se sont déclarées « françaises ». Seulement 5,3 % sont « d'une autre nationalité », surtout d'Afrique du Nord (21 %) et d'Afrique subsaharienne (29 %).
Les CDAG ont été mis en place en 1998. Ils réalisent aujourd'hui 8 % des tests (environ 300 000 tests par an parmi un total de 3,5 millions de tests hors don de sang). En termes d'activité, le dispositif arrive loin derrière la médecine libérale ou l'hôpital. Il a néanmoins « confirmé sa capacité à drainer, plus que les autres structures, une population exposée à un risque d'infection et effectuant une démarche volontaire », note l'InVS. La proportion de tests positifs (5 pour mille) y est le double de ce qu'elle est dans l'ensemble des autres structures.
Multipartenaires
La population se déclare hétérosexuelle pour 88 % (97 % chez les femmes). Les hommes sont bisexuels pour 5,5 % et homosexuels pour 11,6 %. Environ 70 % des hommes et 50 % des femmes des CDAG avaient eu plus d'un partenaire au cours des douze derniers mois. C'était le cas pour seulement 12 % des hommes et 6 % des femmes de la population générale.
Quand on compare les réponses des hétérosexuels multipartenaires fréquentant les CDAG avec celles de cette même catégorie de personnes dans la population générale, les consultants des CDAG utilisent moins les préservatifs que les autres. 39,8 % des hommes et 41,3 % des femmes, dans les CDAG, utilisent toujours le préservatif, contre 80,3 % des hommes et 76,7 % des femmes dans la population générale (2).
Interrogées sur les motifs de la demande de test, les personnes répondent d'abord qu'elles « voulaient un test, car elles s'inquiétaient à la suite d'un rapport sexuel » (41,2 % des réponses). En outre, elles « répondent au souhait de leur partenaire » (27 %) ou bien elles ont « voulu faire un test avant l'arrêt des préservatifs » (21 %). Seulement 1,7 % des personnes ont « suivi les conseils de leur médecin ». Durant la période de recueil des données, 15 personnes ont présenté un test western blot positif. En rapportant ce nombre de cas à la population de l'enquête, la proportion de tests positifs est de 3,7 pour mille. Parmi les quinze tests positifs, neuf proviennent d'Ile-de-France (60 %), trois de Rhône-Alpes (20 %), un de Lorraine, un d'Aquitaine et un de PACA. La proportion de personnes étrangères est importante : quatre étrangers (un du Maghreb, trois d'Afrique subsaharienne) et deux qui n'ont pas précisé leur nationalité. L'InVS note cependant que l'un des deux étrangers se déclare « d'origine africaine ».
Dépistage tardif
A l'examen des taux de positifs par motif de demande de test, il apparaît que le plus grand nombre de personnes positives figure chez ceux qui viennent pour « problème de santé » ou « sur les conseils d'un médecin ». Selon l'InVS, « l'importance des motifs cliniques chez les personnes qui avaient finalement un test positif pouvait indiquer que le dépistage avait été trop tardif ».
Les résultats de l'enquête soulèvent, en outre, des interrogations. Certaines personnes disent qu'elles suivent les conseils d'un médecin. Pourquoi, dans ce cas, s'adressent-elles au CDAG ? Le médecin a-t-il prescrit ou pas un test ? Si non, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Préfère-t-il laisser le soin à la CDAG d'annoncer elle-même le résultat du test ?
(1) « Un regard sur les consultants », enquête nationale juin-juillet 1999 portant sur 4 028 questionnaires analysés.
(2) Enquête « connaissances, attitudes, croyances et comportements face au SIDA » 1998.
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