L A plupart des itinéraires de patients déprimés commencent chez un généraliste. En consultation de médecine générale, la prévalence de la dépression est de 9 à 14 % (Kovess, 1996) ; de 70 à 75 % des prescriptions d'antidépresseurs (Zarifian, 1996) sont faites par des généralistes.
Le généraliste est confronté à une double contrainte : on exige de lui un diagnostic et une prise en charge précoces des troubles dépressifs, et il lui est fortement enjoint de ne pas psychiatriser des problèmes existentiels ou sociaux qui aboutiraient à une prescription abusive de psychotropes.
En médecine générale, le domaine de la souffrance psychique est plus large que celui de la dépression, et les raisons qui conduisent à consulter sont très diverses.
Plusieurs formes de dépression
Comme le souligne le Pr Parquet, « le terme "dépression" recouvre des réalités bien différentes pour le grand public et le monde médical. Pour les uns, il est fondé sur la notion de souffrance et d'invalidation sociale qu'amène le trouble dépressif ; pour les autres, il est centré sur la définition de la dépression et les modalités thérapeutiques. Cependant, leurs perceptions de la dépression se rapprochent sur un point essentiel : pour tous, il existe plusieurs formes de dépression. C'est la diversité de ses modes d'expression, son multidéterminisme, sa variabilité suivant l'âge, les situations... qui semblent poser un problème dans la population et au sein des experts ».
Le rapport souligne un manque de connaissances sur les personnes qui souffrent de troubles dépressifs, leurs besoins, leurs attentes de soins, leur acceptabilité de la pathologie et des soins, l'idée qu'elles se font de la maladie et de leur soignant, leurs satisfactions et leurs espérances.
Comment reconnaître la dépression ? Vers qui se tourner ? Ce rapport s'est attaché à mettre en évidence les représentations que la population se fait de la dépression, afin d'aider les patients à trouver l'interlocuteur et le traitement qui leur conviendront et leur permettront de supporter cette épreuve.
L'information du public
Ce rapport a plusieurs objectifs. Il souhaite donner au public des informations qui lui permettent d'identifier les symptômes de la dépression, de savoir vers qui se tourner, d'aller consulter, de mieux comprendre la nature et les résultats des traitements. Certaines idées fausses doivent être redressées : la dépression est une maladie qui se soigne et dont on peut guérir, et non une faiblesse de caractère ; il n'existe pas de dépendance pharmacologique aux antidépresseurs (amalgame entre les différents psychotropes), ce qui justifie pour les experts un traitement d'environ six mois, voire le maintien de ce même traitement à titre prophylactique lorsqu'il y a risque de survenue de nouveaux épisodes (bien qu'aucun antidépresseur n'ait l'AMM dans cette indication). Ce rapport devrait permettre aux généralistes d'accéder à une meilleure information et à une meilleure formation sur la prise en charge de la dépression en leur en donnant des moyens et en favorisant les échanges et la création de réseaux de collaboration entre généralistes et psychiatres ; le rôle du médecin du travail dans le dépistage de la dépression doit également être mis en avant.
Enfin, ce rapport rappelle que le traitement d'un patient déprimé relève d'une prise en charge multiforme qui concerne tous les aspects : social, psychothérapeutique et médicamenteux.
Présentation du rapport du groupe d'experts. Président : Pr P.-J. Parquet ; experts et cliniciens : Dr H. Cuche, Pr G. Darcourt, Pr M. Ferreri, Pr P. Frimat, Pr R. Fuhrer, Pr R. Launois, Dr M.-F. Moles, Pr J.-P. Olié, Dr L. Chevallier, Dr N. Regensberg et Dr P. de La Selle.
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