D E tout temps, la peau a été considérée comme un organe de communication, et même, par les poètes, comme le « miroir de l'âme ». De nombreux travaux ont permis de mieux comprendre ces interactions et de montrer leur complexité ; si l'on connaît bien le retentissement psychologique des dermatoses, a contrario, on sait que le cours de ces dernières peut être influencé par des événements psychiques et par le stress ; si bien, poursuit le Pr Ortonne, qu'il est parfois difficile de dire si les troubles psychiques de nombreux patients atteints d'affection dermatologique sont la cause ou la conséquence de l'atteinte cutanée.
Des bases moléculaires ont même été proposées pour expliquer ces interactions, donnant un corps scientifique au concept de psycho-neuro-endocrino- immunologie. Des travaux récents ont ainsi montré que le système nerveux, via des neuromédiateurs et le système immunitaire, est impliqué, anatomiquement et physiologiquement, dans un véritable système neuro-immuno-cutané. Des recherches futures permettront d'établir l'impact de ce système sur la physiologie et la physiopathologie de la peau ; on comprendra peut-être ainsi les mécanismes des somatisations cutanées.
Dermite séborrhéique et stress
La dermite séborrhéique illustre parfaitement la relation duale entre dermatose et psyché. Cette dermatose, méconnue bien que fréquente (près de 10 % des consultations en dermatologie), induit une gêne esthétique pour la quasi-totalité des patients, gêne jugée importante dans près de deux tiers des cas. Le prurit peut également contribuer au retentissement de la maladie sur la qualité de vie.
A contrario, la quasi-totalité des patients considère que le stress est le principal facteur favorisant du déclenchement et des poussées de la dermite séborrhéïque.
Pour les scientifiques, cependant, les mécanismes responsables de la dermite séborrhéïque sont loin d'être élucidés. Le rôle de Pityrosporum ovale est toutefois considéré comme prédominant, du fait de la superposition des lésions et des zones de plus grande densité de cette levure. Enfin, l'éviction de Pityrosporum entraîne la régression des signes cliniques.
Pour le Pr Ortonne, la levure et le psychisme peuvent avoir des actions complémentaires favorisant le passage de Pityrosporum ovale à l'état d'agent agressif. Par la suite, l'activité pro-inflammatoire et stimulante du système immunitaire de la levure devenue pathogène entraînerait l'apparition de la symptomatologie.
(1) Session organisée avec le concours des Laboratoires Janssen-Cilag.
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