L ES auteurs font une description clinique, histopathologique et moléculaire d'un syndrome cancéreux de prédisposition au fibromyome utérin et au carcinome papillaire rénal (syndrome nommé en anglais HLRCC).
L'étude s'est focalisée sur deux familles où il existait une prédisposition aux tumeurs. Ont été étudiés 11 membres souffrant d'un fibromyome utérin et deux autres membres présentant un léïomyosarcome utérin.
Fibromyome utérin et cancer du rein
L'enquête a démarré après qu'un sujet est venu consulter au centre de génétique clinique (hôpital d'Oulu, en Finlande) pour un conseil génétique en raison d'un cancer rénal survenu à un âge relativement jeune chez sa mère et une de ses sœurs. En fouillant l'histoire médicale de la famille chez 43 membres sur quatre générations, on a décelé des femmes ayant un fibromyome utérin, des membres présentant des nodules cutanés et des personnes ayant présenté un cancer rénal précoce (entre 33 et 48 ans). Une description clinique, une évaluation histopathologique et une analyse des marqueurs génétiques ont été réalisées.
La prédisposition tumorale dans la famille semble de nature principalement héréditaire ; elle inclut la susceptibilité aux fibromyomes utérins (11 cas), aux léïomyosarcomes (2 cas), au cancer rénal (4 cas) et aux tumeurs cutanées bénignes multiples sous forme de piloléïomyomes (7 cas).
Tous les cancers rénaux se présentaient sous la forme de tumeurs uniques, ils avaient métastasé au moment du diagnostic et aucun des patients n'a survécu. Les traits histologiques de ces tumeurs ont paru exceptionnels et les descriptions ont permis d'établir des diagnostics dans d'autres familles, et notamment la deuxième famille étudiée.
L'analyse de liaison génétique a révélé une positivité pour un locus situé sur le bras long du chromosome 1. Douze marqueurs situés en 1q42-q44 ont apporté une confirmation.
Ce spectre tumoral spécifique, avec un assemblage inédit de tumeurs bénignes et malignes et une association à un défaut génétique particulier n'avait jamais été décrit précédemment. Le phénotype rénal à lui seul est d'ailleurs unique : il est caractérisé par une histologie papillaire particulière.
Un locus de prédisposition
La confirmation est donnée par l'identification du locus de prédisposition HLRCC 1q42-q44. La détection des délétions indique que le défaut génétique à l'origine de ce syndrome correspond, selon les plus fortes probabilités, à l'altération d'un gène suppresseur de tumeur.
« Il est maintenant important de déterminer l'histoire naturelle complète du HLRCC, sa fréquence, sa formation moléculaire et sa prise en charge optimale », soulignent les auteurs. Sans que l'on ait à travailler plus avant, on s'aperçoit déjà que la pénétrance du cancer rénal est incomplète. Dans une grande famille, seulement quatre des quatorze adultes chez qui le défaut génétique a été décelé ont présenté le cancer. De fait, il est probable que de nombreuses personnes ayant un fibromyome utérin isolé et à risque de cancer rénal sont susceptibles d'être détectées.
La compréhension des mécanismes moléculaires sous-jacents devrait faciliter la prévention des tumeurs et le traitement des formes héréditaires et sporadiques.
Des indices sur le potentiel des fibromyomes
Cela pourrait peut-être donner des indices sur la formation et le potentiel néoplasique des fibromyomes, l'une des tumeurs les plus fréquentes chez les humains et pour laquelle peu de choses sont connues concernant les substrats moléculaires ou les susceptibilités héréditaires.
On connaissait deux syndromes distincts pour le cancer rénal héréditaire : la maladie de von Hippel-Lindau (cancer à cellules claires et tumeurs extrarénales) et le carcinome rénal papillaire héréditaire (cancers multiples et bilatéraux). A cela s'ajoute maintenant ce nouveau syndrome.
Virpi Launonen et coll. (Helsinki et Oulu, Finlande). « Proc. Natl. Acad. Sci. USA ».
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