A U Royaume-Uni, deux études évaluent la faisabilité d'un programme de dépistage des infections génitales à Chlamydia trachomatis. En raison de la charge émotionnelle et du tabou social qui entourent la sexualité, les réactions à un diagnostic de MST sont complexes. Afin d'évaluer les problèmes psychosociaux qui risquent de survenir, une équipe de Glasgow a questionné dix-sept femmes ayant reçu ce diagnostic.
Voici un échantillon des réponses obtenues.
• Stigmates vis-à-vis d'une MST
- Sur le fait de consulter : « J'étais très intimidée et je me sentais sale parce que c'est une MST et que je pensais que les gens comme moi n'attrapent pas ce genre de chose. »
- Réaction à l'annonce du diagnostic :
« Comme si on m'avait craché au visage...Totalement choquée (...) La dernière chose à laquelle vous pensez. »
- Sur le fait d'en parler avec d'autres.
« Vous n'appelez pas tout le monde en disant : « J'ai attrapé une MST, tu sais, je ne me sens pas très bien, viens me voir » ...Vous vous sentez très seule parce que vous ne pouvez pas vraiment en parler ; je suppose que vous pouvez, mais vous savez que la réaction d'autres personnes vous conduira à ne pas en parler. »
• Sur le risque de stérilité
« Quand j'ai reçu la lettre (avec le diagnostic positif) , cela a été un choc. J'étais inquiète... C'était le fait que cela peut vous rendre infertile. Quand j'ai questionné le médecin sur la maladie inflammatoire pelvienne - du style : « Comment sait-on si on l'a attrapé, y a-t-il moyen de savoir à quel stade elle en est » -, elle a répondu : « Non, pas vraiment, jusqu'à ce que vous essayiez de concevoir ; et vous le découvrez quand vous n'y arrivez pas. » Et je me suis dit : « Mon Dieu, je serai dans l'ignorance jusqu'à ce que j'essaie d'avoir un bébé ! » Même si je sais quand je l'ai attrapé ? (je pensais que cela pouvait lui donner une indication sur les dégâts occasionnés). Elle ne pouvait pas répondre. Je lui ai demandé si l'on pouvait savoir si on avait une maladie inflammatoire pelvienne. C'est l'infirmière qui m'a répondu : « ...pas toujours... » Donc, sur le point qui m'inquiétait, elle (le médecin) ne pouvait me donner aucune réponse. »
• Anxiété sur la réaction des partenaires
- L'information du partenaire actuel.
« Cela n'a pas été une expérience très plaisante... Ce qui l'a le plus heurté, c'est le fait que je ne lui avais pas parlé d'un partenaire antérieur ; il était très choqué. Il n'a pas aimé l'idée que j'aie pu coucher avec tant de personnes. J'ai essayé de lui expliquer et il a compris... J'étais mal, je le suis toujours mais j'étais vraiment très mal cette nuit-là et, le jour suivant, je ne pouvais pas penser à autre chose. Par-dessus tout, je me sentais coupable. »
- L'information d'un ancien partenaire
« Je ne sais vraiment pas comment faire parce que nous nous sommes quittés en mauvais termes ; avec lui, la vie était un enfer (...) Donc, je n'ai pas vraiment eu de contact avec lui. Je lui ai simplement dit qu'on m'avait dit que j'avais cela, depuis combien de temps je l'avais, que cela pouvait rendre infertile ; il hurlait, braillait, me disant : « Tu essaies de me dire que je te l'ai passée ».. .Donc cela a été dur de lui en parler mais (finalement) il a été correct. »
- L'incapacité d'informer un ancien partenaire
« Les choses s'étaient très mal terminées...et, non, je n'ai pas trouvé l'occasion de le voir - du genre pour une tasse de thé. Dans ces circonstances, je voulais réellement aller voir mes anciens partenaires et leur en parler, parce que je crois que c'est important. Je me suis sentie terriblement coupable. Oh, mon Dieu, que va-t-il arriver si je l'ai passée à quelqu'un d'autre et si une autre pauvre femme ne peut pas avoir d'enfant parce que je n'ai pas eu le courage d'y aller et d'en parler ? »
« BMJ » du 27 janvier 2001, pp. 195-199.
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