P AS facile de succéder à Bernard Kouchner. Quand elle arrive au secrétariat d'Etat à la Santé et à l'Action sociale, en juillet 1999, Dominique Gillot compense sa relative inexpérience de la haute politique et du domaine de la santé par son enthousiasme, ses qualités de « bosseuse » et ses bonnes relations avec Martine Aubry.
Institutrice jusqu'à son élection comme députée du Val-d'Oise, en 1997, elle est de longue date une militante du social, en tant que membre du Parti socialiste (depuis 1974), puis d'élue locale (au conseil municipal d'Eragny, en 1977, au conseil général, en 1979). Et le Premier ministre connaît ses compétences, puisqu'il l'a chargée, en 1997, d'un rapport sur l'insertion des sourds. Elle a aussi été, en 1998 et 1999, rapporteur de la loi de financement de la Sécurité sociale pour la partie sur la famille.
« Je suis une femme de dialogue », dit-elle au « Quotidien » quelques semaines après sa prise de fonction, en annonçant son souhait de « reconstruire la confiance » avec les médecins et son intention de mettre en uvre la réforme sur les droits des malades et de renforcer la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme.
Face à Jean Glavany
Très vite, cependant, d'autres sujets de préoccupation vont occuper le devant de la scène. La crise de la vache folle, en premier lieu, et, plus généralement, tous les problèmes de sécurité sanitaire. Le dossier de l'encéphalopathie spongiforme bovine est traité par plusieurs ministres, et Dominique Gillot a parfois du mal à faire entendre sa voix sur un thème qui inspire énormément le ministre de l'Agriculture, Jean Glavany. Mais elle ne manque pas de suivre de très près la mise en place des tests de dépistage et l'évolution des connaissances sur le nvMCJ. Comme elle suit de près toutes les crises alimentaires et revendique pour son administration la responsabilité de l'alerte, dans le cas d'une épidémie de listériose, par exemple. Et sa dernière grande action de chargée de la Santé sera le lancement, la semaine dernière, d'un grand plan de cinq ans pour améliorer la nutrition des Français.
Lors du remaniement ministériel de mars 2000, Dominique Gillot se voit confier une responsabilité supplémentaire, celle des handicapés, à la satisfaction de ces derniers, qui se réjouissent de voir que leur sort est une priorité pour le gouvernement. Le décret sur ses nouvelles attributions précise aussi qu'elle « assiste la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, notamment en ce qui concerne les questions relatives à l'assurance-maladie ».
Autre satisfaction, pour la secrétaire d'Etat : le plan de cinq ans lancé en février contre le cancer est soutenu par les cancérologues, qui estiment, comme le Pr Jean Clavier, avoir « désormais tous les éléments en main pour déclarer la guerre au cancer ». La présidence française de l'Union européenne, pendant le second semestre 2000, est aussi l'occasion pour Dominique Gillot de se battre pour la santé publique et la sécurité sanitaire, notamment en appuyant la mise en place d'un dispositif européen de veille sanitaire.
« Expliquer, répéter »
Elle s'est également impliquée dans la défense de la gynécologie médicale, a poursuivi les actions lancées par son prédécesseur pour la lutte contre la douleur, le développement des soins palliatifs ou la prévention du suicide, entre autres.
En revanche, elle n'aura pas réussi à accélérer la mise en place de la loi de modernisation sanitaire renforçant les droits des usagers de la santé, assurant, lors des assises d'AIDES, qu'il ne s'agissait pas de « mauvaise volonté politique », mais d'un problème « d'horloge de la vie parlementaire ».
Dominique Gillot, qui dit « avoir eu beaucoup de chance dans la vie » et n'a rien changé à son mode de vie après sa nomination à la Santé, a affronté quelques turbulences médiatiques, mais ne s'est jamais arrêtée aux critiques. « Il faut expliquer, répéter et ressasser : c'est ça, la politique ! Je ne me dis jamais qu'une chose est impossible », affirmait-elle récemment. Une force de persuasion qu'elle mettra désormais au service des personnes âgées et des personnes handicapées. Un champ d'action que cette battante ne manquera pas d'utiliser au mieux.
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