REFERENCE
• Les pathologies urologiques
Les urologues sont souvent consultés pour des syndromes douloureux. Leur démarche diagnostique doit être rigoureuse et précise afin de ne pas laisser passer une pathologie organique. En effet, le diagnostic d'une douleur pelvi-périnéale chronique est un diagnostic d'élimination. Devant un examen normal, deux pathologies sont souvent retrouvées : les cystites interstitielles et les prostatites chroniques.
Les cystites interstitielles répondent à des critères diagnostiques précis : des symptômes datant depuis moins de deux mois, une capacité vésicale supérieure à 350 ml, une absence d'impériosité pour 50 ml de remplissage ne sont pas des critères permettant de confirmer le diagnostic, contrairement à une pollakiurie ou des douleurs calmées par la miction.
Les prostatites chroniques sont, elles aussi, fréquentes. Elles surviennent souvent chez des patients ayant eu des antécédents d'infection urinaire. Le diagnostic différentiel entre les prostatites bactériennes et non bactériennes se fait devant la présence ou non de leucocytes et de cultures bactériennes positives après un massage prostatique.
Les prostadynies se manifestent par une sensation de mal ou de pesanteur pelvienne.
• Les pathologies vues par le gastro-entérologue. Ne pas négliger les antécédents d'abus sexuels
Le syndrome du « côlon irritable » représente 25 % des consultations de gastro-entérologie. Il se manifeste par des douleurs abdominales, une sensation d'inconfort digestif, souvent améliorée par la défécation. Il est accompagné d'une modification de la fréquence des selles ainsi que de leur consistance. Touchant 24 % de femmes et 19 % d'hommes, ce phénomène s'accompagne souvent de ballonnements et d'émission de mucus. Les patients prédisposés ont parfois présenté une gastro-entérite sévère durant l'enfance. Ce sont des personne stressées et anxieuses, perturbées par un changement existentiel, qui ont peu confiance en elles. Une personne sur cinq présente une motricité intestinale exacerbée. Parfois, il existe une altération de la sensibilité viscérale. Ce sont des personnes difficiles à traiter.
Les personnes abusées sexuellement présentent souvent une pathologie digestive. Elles ont des douleurs pelviennes et abdominales chroniques. Il est fréquent de retrouver chez elles un anisme (action de contracter le plancher pelvien lors d'un toucher rectal au lieu de le relâcher). Elles présentent souvent un comportement particulier, avec une attache émotionnelle intense et chaotique ; 30 % des victimes n'en ont jamais parlé ; la question doit donc être posée par les praticiens dès que ce diagnostic est envisagé.
La thérapeutique passe par les moyens qui pourront aider les patients à s'intéresser à leur corps, accompagnés, bien sûr, d'une psychothérapie.
• Les vulvodynies : un problème de gynécologie
De plus en plus de femmes souffrent de vulvodynies. Ce trouble peut se définir comme « un inconfort vulvaire chronique sans lésion visible pertinente, apparu depuis plus de trois mois ». Les étiologies peuvent être multiples : infectieuses, iatrogènes (toilette excessive, utilisation abusive de tampons périodiques), médicamenteuses (neuroleptiques, hypotenseurs), générales (diabète, dépression), hormonales (ménopause, traitement antiacnéique). La douleur peut être diffuse ou localisée. Elle est plus souvent à type de brûlure. Un interrogatoire précis suivi d'un examen bilatéral et comparatif est indispensable. Cette douleur a souvent des répercussions sexuelles : vaginisme, diminution de la libido, anxiété, dépression. La patiente a donc besoin de reprendre confiance en elle. Le traitement passe d'abord par l'établissement d'un climat relationnel avec la patiente et fait appel à tout ce qui peut aider cette dernière à réapprivoiser son corps (massage avec des crèmes cicatrisantes, phytothérapie, oligoéléments, biofeed-back, psychothérapie, etc.). Ce symptôme peut disparaître, mais il faut convaincre la patiente qu'elle a un rôle actif à jouer.
D'après une communication des Drs S. Mimoun, A. Watier, J.-E. Chayvialle, N. Mottet et B. Cuzin lors du symposium « Douleurs pelvi-périnéales chroniques » (Lyon).
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