VOS MALADES ONT LU
PAR LE DR DOMINIQUE BRILLAUD
« La Liberté d'expression », n° 1
Les préoccupations qu'entraîne le clonage animal sont d'ordre financier : la naissance, il y a dix mois, d'un taureau cloné, « n'a pas suscité autant de controverses que celle de Dolly », mais promet à son propriétaire la fortune, à condition que la semence du clone soit aussi rentable que celle de son papa. Mais « la Liberté d'expression », une nouvelle revue qui entend contribuer à faire remonter le « bouchon de liège » de la conscience à la surface des eaux troublées actuelles, s'intéresse plutôt au clonage humain et à ses implications éthiques. Même seulement thérapeutique, le clonage humain continue de poser toutes sortes de questions : où trouver les embryons en quantité suffisante ? Quelles pressions peuvent s'exercer sur les fournisseurs d'embryons ? Quels trafics ne pas imaginer ? Quelles chimères imaginer ? Que penser des prétentions et de l'idéologie des Raëliens, secte décidée au clonage à tout va ? Comment répondre aux familles qui exigent des « enfants-remèdes » ?...
Bref, comme l'exprime pour finir la revue, « jusqu'où sommes-nous tous prêts à aller ? »
Un nouveau scandale alimentaire
« Le Point », 16 février
Les scandales, surtout s'ils sont alimentaires, risquent de devenir aussi banals que les grèves à Paris, voire de susciter la même indifférence. « Le Point » fait cependant le maximum pour convaincre que de gros intérêts financiers s'opposent autant à la dénonciation du sel comme danger majeur pour le cur et les vaisseaux qu'à la diminution de son taux dans les aliments industriels. Un bandeau de couverture et dix pages sont en effet chargés de rendre compte des chiffres de mortalité et de morbidité liés à l'abus de sel, de la charge en sel d'aliments parmi les plus courants, enfin des efforts déployés par le « lobby du sel » pour laisser dans l'ombre les méfaits de ce produit, car non seulement le sel donne envie de manger davantage, mais il donne envie de boire, ce qui paraît indispensable à la bonne santé des producteurs d'eau et de sodas. Dans le méli-mélo d'intérêts en jeu, il n'est pas toujours facile de se retrouver ; mais il reste sûr que manger moins salé est charitable pour le cur et les vaisseaux, comme le montre l'exemple des pays scandinaves.
Toujours la spasmophilie
« Top santé », février
La spasmophilie, mal français s'il en fût, s'en va, s'en vient, traînant dans son sillage « 10 millions de personnes en France », « une centaine de signes », des origines discutées, un signe non pathognomonique mais amusant, le signe de Chvoster, une nébuleuse de traitements. Elle a retrouvé la une de « Top santé » ce mois-ci ; ses « troubles gênants, parfois spectaculaires mais jamais graves » y sont traités avec toute l'attention « personnalisée » indispensable. « Un spasmophile peut toujours améliorer son état, éviter ces crises qui lui gâchent la vie, voire en guérir », moyennant, selon les cas, cures de magnésium, apprentissage de la gestion du stress, relaxation en tous genres, acupuncture, homéopathie, voire tranquillisants. Quant aux crises, si elles résistent à des exercices respiratoires simples, elles devraient céder au gaz carbonique du fameux sac en plastique dans lequel le (ou plus souvent la) spasmophile est invité(e) à respirer.
Le diabète suit le hamburger
« Science et vie », février
S'il est une épidémie qui en suit une autre, c'est bien celle du diabète de type 2, suivant celle de l'obésité. L'une et l'autre du reste suivent fidèlement la multiplication des MacDo et autres fabriques de hamburgers à l'américaine à travers le monde. « Science et vie » met ce diabète galopant en question dans son dernier numéro, décrivant d'abord les mécanismes selon lesquels le glucose cesse d'être normalement utilisé par la cellule. Le mensuel déplore ensuite les insuffisances d'un dépistage qui devrait passer par des mesures de glycémie plus systématiques, sachant qu'il existe vraisemblablement en France de 500 000 à 1 million de diabétiques qui s'ignorent. La génétique a, certes, révélé un certain nombre de prédispositions individuelles, expliqué les ravages effectuées par le mode de vie américain dans des populations jusqu'alors préservées en cas de famine grâce à leurs gènes. Mieux vaut, certes, éviter tout simplement cette dangereuse maladie, même si les traitements s'enrichissent de nouvelles molécules, même si, comme ailleurs, les thérapies géniques se font espérer. Et, pour ce faire, revoir son alimentation.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature