Eczéma de contact : l'influence du microbiote intestinal

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Publié le 25/09/2018
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Crédit photo : PHANIE

Une étude préclinique menée chez la souris apporte un nouvel éclairage sur la façon dont le microbiote intestinal influence la réaction allergique cutanée et met en évidence le rôle d'une protéine antivirale sur la stabilité de la flore intestinale. Ce travail, mené par des équipes CNRS, INSERM, Université Claude Bernard Lyon 1 et ENS de Lyon, en collaboration avec l’Institut Pasteur de Lille et du NIH (États-Unis), est publiée dans les « PNAS ».

Des études épidémiologiques ont précédemment suggéré que la composition du microbiote intestinale pourrait jouer un rôle dans le développement de certaines allergies cutanées, mais les mécanismes restaient inconnus.

Transfert de flore modifiée

Pour aller plus loin, les chercheurs ont travaillé sur un modèle murin d'hypersensibilité retardée de contact. « Un modèle très proche de l'eczéma allergique de contact chez l'homme », précise Marie-Cécile Michallet, co-auteur de l'étude, interrogée par le « Quotidien ». Ils ont cherché à savoir si le gène MAVS, connu pour son rôle antiviral, pouvait être impliqué dans la réponse allergique.

Une double observation a été faite : « nous nous sommes rendu compte que les souris déficientes pour ce gène présentaient à la fois une altération du microbiote intestinal et une réponse allergique cutanée augmentée », explique la chercheuse.

Afin de vérifier le lien entre dysbiose du microbiote et réponse allergique, la flore intestinale des souris déficientes pour le gène MAVS a été transférée à des souris « normales », c'est-à-dire exprimant correctement ce gène. Résultat : celles-ci présentaient une réponse allergique cutanée accrue.

Marie-Cécile Michallet précise : « la mutation du gène MAVS module la flore intestinale d'une certaine façon, et c'est la façon dont est modifié le microbiote qui va entraîner la réponse allergique », quel que soit le statut vis-à-vis de MAVS donc.

Migration bactérienne

Les chercheurs ont par ailleurs montré que la modification de la flore intestinale rend l'intestin plus perméable. « Les bactéries commensales intestinales vont ainsi pouvoir migrer jusqu'aux organes lymphoïdes, où elles vont augmenter la réponse immunitaire allergique au niveau des cellules responsables de l'eczéma de contact allergique », explique la chercheuse.

L'ensemble de cette découverte ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. « En modifiant le microbiote intestinal, nous pouvons nous attendre à avoir des effets sur la réponse allergique cutanée », explique Marie-Cécile Michallet. Par ailleurs, « comme nous avons mis en évidence que la voie antivirale MAVS pouvait être à l'origine de la modification de la flore, nous pouvons également agir sur cette voie ».

Avant d'envisager des études chez l'homme, une connaissance plus fine des modifications de la flore est nécessaire. « Nous devons réussir à identifier la ou les quelques bactéries responsables de la réponse », souligne la chercheuse. La composition bactérienne a été étudiée et a montré des modifications au niveau de plusieurs types de bactéries, mais aucune bactérie dominante n'a été mise en évidence.


Source : lequotidiendumedecin.fr