Édition spéciale Pédiatres

EDITORIAL - Collaboration et partage

Publié le 18/11/2013
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Malgré les très nombreux progrès réalisés dans la prise en charge de la santé de l’enfant, un défi majeur reste à relever pour les pédiatres : l’organisation des soins auprès des enfants porteurs de handicap et de maladies chroniques, l’objectif étant d’amener ceux-ci à l’âge adulte avec le meilleur état de santé possible et la plus grande autonomie sociale. Alors que les moins de 18 ans représentent 22 % de la population générale, ils ne comptent que pour 4 % des ALD (affections longue durée). Les affections neurodéveloppementales et psychiatriques (45 %), les insuffisances respiratoires chroniques graves (11 %), les insuffisances cardiaques graves (9 %), et les tumeurs (5 %) constituent les principales affections chroniques qui touchent les enfants de moins de 18 ans. Des parcours de soins parfaitement identifiés favoriseraient une collaboration claire et efficace entre les pédiatres permettant une juste utilisation des compétences de chacun, la prise en charge des enfants porteurs de telles affections ne devant plus être principalement hospitalière comme c’est trop souvent le cas actuellement. Dans ce numéro consacré à la pédiatrie, plusieurs items reprennent cette collaboration pédiatrique nécessaire, déclinée ici à plusieurs niveaux :

-Collaboration au niveau de l’enseignement avec la mise en place actuelle d’un stage optionnel en pédiatrie ambulatoire intégré dans la maquette du DES de pédiatrie, la création d’une association « Pedia-ODPC » destinée à mettre en place et organiser la formation continue pédiatrique, réflexion sur une harmonisation européenne tant au niveau de l’enseignement que de l’exercice pédiatrique

-Collaboration parfaitement illustrée par les réseaux en néonatologie, permettant à chacun de travailler auprès de ces enfants très vulnérables pour lesquels les progrès réalisés sont nombreux

-Réflexion éthique qui doit être quotidienne, partagée par tous et non pas réservée à certains domaines

-Prise en charge des enfants porteurs de handicaps avec de nombreux progrès tels que l’utilisation des bisphosphonates, de la toxine botulique, et, pour les enfants atteints de dystrophie musculaire, les espoirs placés dans les nouvelles thérapies qui, pour autant, ne doivent pas faire oublier l’importance de la prise en charge symptomatique où chaque pédiatre a sa place

D’autres sujets toujours d’actualité restent tout à fait partagés au sein de la communauté pédiatrique qu’il s’agisse de l’allaitement maternel, la question de la résidence alternée, l’utilisation de l’hormone de croissance, le dépistage de la luxation congénitale de hanche, sans oublier la médecine de l’adolescent avec ses spécificités, et de nouvelles approches dans certains cas comme l’utilisation de la chirurgie bariatrique. À cet âge, un challenge particulier est représenté par le passage de la médecine pédiatrique à la médecine de l’adulte qui impose coordination et complémentarité lors des maladies chroniques.

Cette complémentarité pédiatrique est imposée par le regard de l’enfant, parfaitement illustrée par Levinas "dès que l’autre me regarde, j’en deviens responsable. Le visage oblige, commande : il exige réponse, aide, sollicitude". Pour nous pédiatres, le regard d’un enfant quel qu’il soit, reste le pilier majeur de notre responsabilité qu’il s’agisse de soins, d’enseignement ou de recherche.


Source : Bilan spécialistes