Aujourd’hui s’ouvre, au Palais de Congrès de Paris, la 87e édition du congrès annuel de la SOFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique). C’est l’Académie d’Orthopédie Traumatologie (AOT), branche scientifique de la SOFCOT, qui est responsable du programme et de l’organisation. À bien des égards, ce congrès s’inscrit à la fois dans la continuité et dans la rupture, ce qui n’est un paradoxe qu’en apparence.
L’assurance de la continuité, c’est la diversité des thèmes proposés qui scandent les grands registres de la connaissance, de la formation, de l’information, de la transmission des savoirs établis et de l’interrogation sur les avancées les plus pointues. À ce titre, les libellés de quelques-uns des thèmes abordés reflètent les préoccupations du moment liées, notamment, à l’évolution des pathologies et des pratiques : fractures du coude chez le patient âgé, révisions chirurgicales des prothèses totales de hanche, bilan des allogreffes de main, nouvelles techniques d’anesthésie locorégionales en orthopédie traumatologie, sport et sécurité, syndromes d’hyperutilisation fonctionnelle…
Le sentiment de transition sinon de rupture est lié aux nouvelles orientations et conditions d’exercice.
En premier lieu, force est de reconnaître que la chirurgie orthopédique, entendue comme chirurgie correctrice des affections dégénératives, est une chirurgie d’amélioration de la qualité de la vie. Cependant, le volet traumatologique de la discipline s’est déporté vers la traumatologie du patient âgé, souvent actif car porteur d’une ou de plusieurs prothèses articulaires, ce qui complique les aspects techniques et en fait une chirurgie de la préservation de la vie. Chirurgie à visée fonctionnelle, la chirurgie orthopédique et traumatologique se heurte quotidiennement aux problématiques engendrées par la complexité des états physiologiques, la chronicité des affections et la vulnérabilité des patients qui en résulte. On ne se lassera jamais de le répéter : une fracture de hanche, banale en soi, est une urgence vitale chez un patient âgé. C’est dire qu’il nous faut repenser en profondeur les organisations médicales et les systèmes techniques pour faire face efficacement à ce qu’on appelle pudiquement le vieillissement de la population.
Les conditions d’exercice se sont sensiblement modifiées depuis une dizaine d’années. Nous vivons désormais dans une ambiance marquée par l’incertitude cognitive liée à la complexité des phénomènes, et un resserrement budgétaire contingent qui enjoint une rationalisation drastique de l’activité. À ces conditions nouvelles s’ajoutent des contraintes :
- L’injonction permanente, qui émane des pouvoirs publics, d’étendre les indications de la pratique ambulatoire, ce qui pose la question de savoir jusqu’où on peut aller dans cette orientation sans compromettre les nécessaires conditions de sécurité des patients.
- Les difficultés croissantes de fonctionnement des blocs opératoires qui résultent de plusieurs facteurs mêlant la sophistication permanente des techniques, qui impliquent des aides compétents, les difficultés de recrutement de personnels hautement spécialisés, et l’exigence de productivité souvent incompatible avec la mission de formation, notamment en milieu universitaire.
Le renforcement du contrôle des tutelles, à travers la loi HPST, conduit actuellement à une réorganisation en profondeur de toutes les instances représentatives des spécialités, au profit d’une seule instance qui devient l’émanation d’une société véritablement professionnelle. La société savante devient de facto une composante de la société professionnelle et cesse d’être la représentante exclusive de la spécialité.
L’ensemble de ces discontinuités nous a incités à placer le 87e congrès sous le thème général du « risque ». Le risque est devenu une notion familière, trop peut-être, au point d’être galvaudée sinon déformée. Une table ronde lors du congrès s’efforcera de faire le point sur les fondements conceptuels du risque en chirurgie et nous avons souhaité accorder une large audience à la prévention du tabagisme périopératoire dont il s’avère qu’il s’agit d’un facteur très important de surrisque de complications d’une intervention chirurgicale.
Enfin, l’invité d’honneur du congrès, Dominique Lecourt, professeur de philosophie à Paris VII nous livrera une réflexion sur un thème d’actualité et d’avenir, « l’économie sociale et solidaire de la santé ».
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