Système de santé outre-Rhin

En Allemagne, les médecins plutôt rassurés face à la nouvelle coalition CDU/SPD

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Publié le 29/01/2018
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Crédit photo : AFP

C’est l’un des paradoxes de la situation politique héritée des élections du 24 septembre : toujours largement excédentaire, l’assurance maladie allemande n’est pas en soi une priorité mais son avenir a constitué l’un des points d’achoppement majeurs entre les partis négociateurs, en raison de sa forte dimension symbolique.

Le SPD plaide depuis plus de 20 ans en faveur d’une « assurance maladie unique », qui couvrirait tous les citoyens de la même manière, sur le modèle de notre Sécurité Sociale. En Allemagne, les citoyens sont tenus de s’affilier à un régime d’assurance-maladie mais peuvent choisir entre la Sécu publique – ce que font 88 % d’entre eux – et un régime privé avec des prestations et des cotisations plus individualisées.

Le SPD juge ce système dual injuste car le régime privé, souvent plus cher, bénéficie à un nombre plus faible d’assurés : le supprimer au profit d’un système universel reviendrait donc à verser des prestations plus équitables, en harmonisant les cotisations. La CDU/ CSU, elle, défend le principe de liberté d’affiliation, rappelant que les assurés du privé ne sont pas forcément les assurés les plus riches.

Le système a des conséquences directes pour les médecins, car il existe deux nomenclatures distinctes – les honoraires privés étant plus élevés que les tarifs publics, et compensant souvent la faiblesse des seconds. Le système évoque peu ou prou notre secteur II, à la différence que ce sont les assurés, et non les médecins, qui en font partie.

Depuis des mois, le SPD exigeait l'instauration de l’assurance-maladie universelle et l’obtention du portefeuille de la santé pour participer à une nouvelle coalition. Il a revu ses prétentions à la baisse sur ces deux points, avec toutefois la promesse d’un rééquilibrage progressif des cotisations et des assiettes entre les deux régimes.

L’Ordre et la plupart des syndicats de médecins ont salué ce compromis, après avoir redouté les effets d'une réforme drastique. La nomination d’un ministre SPD à la santé pourrait avoir des conséquences dans le domaine du médicament, ce parti plaidant pour des baisses drastiques de prix. Et en médecine libérale, les ministres socialistes ou sociaux-démocrates jouissent rarement d’une grande popularité... La dernière en date, Ulla Schmidt (2001 à 2009), avait dressé l’ensemble du monde de la santé contre elle.

 

 

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9635