Encore des décès maternels évitables

«P REMIERE cause de mortalité maternelle en France, l'hémorragie du post-partum a une gravité qui est souvent sous-estimée, avec prise en charge médico-chirurgicale inadéquate », soulignait un article de la rubrique FMC du « Quotidien » le 25 octobre 2000, en concluant : « Pathologie gravissime, l'hémorragie du post-partum nécessite une prise en charge multidisciplinaire dans un établissement hospitalier performant. La présence sur place de l'obstétricien et de l'anesthésiste-réanimateur est un gage de sécurité ». Les chiffres d'un rapport sur la mortalité maternelle, à paraître au printemps et révélé par « la Croix », confirment et le diagnostic et les recommandations.

Le comité d'experts (gynéco-obstétriciens, anesthésistes, épidémiologistes, sages-femmes et représentants des autorités sanitaires) sur la mortalité maternelle, constitué en 1995 et présidé par le Pr Gérard Lévy, également conseiller de la ministre Dominique Gillot, s'est penché sur les causes des décès maternels (du début de la grossesse au 42e jour après l'accouchement), entre 60 et 90 par an. Selon les données de 1996 et 1997, les hémorragies de la délivrance sont la principale cause (25,2 % des cas) de ces décès, devant les pathologies thrombo-emboliques (21,9 %) et l'HTA (16,3 %).
« La France est le seul pays d'Europe où les hémorragies viennent en tête des causes de décès maternels », explique le Pr Lévy à l'AFP. « Les hémorragies de la délivrance peuvent s'aggraver en quelques instants, commente-t-il. L'analyse montre qu'il y a eu un retard manifeste à la prise en charge ».
Les experts estiment que, dans la moitié des cas au moins, les décès étaient évitables ou vraisemblablement évitables. Ils analysent actuellement les données de 1998 et leur rapport devrait être publié au printemps.
Cependant, la situation peut avoir évolué depuis quelques années, avec notamment le plan quinquennal lancé par Simone Veil en 1994.