Endoscopie digestive par capsule-vidéo : quatre observations sont publiées

Publié le 17/01/2001
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L E principe est à la fois simple et fascinant : une capsule jetable de 11 x 26 mm (appelée M2A, mise au point par la société Given Imaging et équipée d'une microcaméra vidéo, d'une source lumineuse, de batteries et d'un système de transmission radio) est avalée par le patient ; elle se déplace rapidement, grâce au péristaltisme intestinal, le long du tractus digestif jusqu'à son émission dans les selles.

Un système d'enregistrement des signaux de radiofréquence est placé à la ceinture, de même qu'une antenne, ce qui rend le dispositif totalement ambulatoire. Grâce à des capteurs, les images sont recueillies et localisées. Avec cette technique, le grêle peut être visualisé sur toute sa longueur.
Aujourd'hui, l'équipe de Paul Swain publie dans le « New England Journal of Medicine » les observations de quatre patients qui ont été explorés avec cette capsule.
• Le patient 1 est une femme de 60 ans qui a des télangiectasies hémorragiques héréditaires, ce qui impose entre 12 et 15 transfusions par an. Un traitement par estrogènes et électrocoagulation sous entéroscopie des lésions hémorragiques a réduit les besoins en transfusion à 4 par an. La capsule endoscopique révèle une angiodysplasie dans l'estomac, le duodénum et le jéjunum proximal ; deux grosses lésions hémorragiques sont vues dans le jéjunum et l'iléon. La chirurgie est envisagée mais les saignements s'arrêtent spontanément.
• Le patient 2 est un homme de 39 ans qui présente, lui aussi, des télangiectasies hémorragiques héréditaires, qui imposent de lui transfuser 10 unités de sang tous les deux mois, et qui ne répondent pas au traitement hormonal et endoscopique. L'endoscopie par capsule montre 8 lésions angiodysplasiques dans le duodénum et le jéjunum proximal (aucune lésion n'est vue dans le grêle distal). De bonnes images du côlon, jusqu'au sigmoïde, montrent trois lésions angiodysplasiques qui n'avaient pas été vues lors de la coloscopie classique. L'entéroscopie peropératoire prévue est différée, et un traitement des lésions basses et hautes est recommandé.
• Le patient 3 est un adolescent de 16 ans qui présente un maelena (et qui a eu une hémorragie intestinale à l'âge de 2 ans). Son hémoglobine est à 9 g/dl ; l'entéroscopie, la coloscopie et l'imagerie du Meckel sont normales. La capsule endoscopique ne montre pas d'anomalies. L'entéroscopie peropératoire qui était programmée est ajournée.
• Le patient 4 est une femme de 78 ans qui présente des angiodysplasies multiples gastro-intestinales et qui a besoin de 78 transfusions par an. L'électrocoagulation a réduit ses besoins transfusionnels à 36 unités par an. En 1955, elle a subi une gastro-entérostomie avec vagotomie pour un ulcère duodénal.
La capsule vidéo montre de multiples lésions d'angiodysplasie touchant uniquement le grêle (la progression de la capsule n'est pas gênée par les séquelles de l'intervention antérieure). La poursuite du traitement des lésions angiodysplasiques proximales est recommandé.
• Bonnes images et bonne tolérance
« D'une façon générale, la capsule endoscopique a donné de bonnes images depuis la bouche jusqu'au côlon et a permis de bien visualiser des lésions pathologiques du grêle. Les quatre patients ont décrit la capsule comme facile à avaler, ne provoquant pas de douleurs et préférable à l'endoscopie conventionnelle. L'information obtenue a été utile pour diriger les traitements ultérieurs pour ces patients. Bien que cette technique ne puisse être utilisée pour la biopsie et le traitement, elle peut se montrer valable pour évaluer un saignement chez des patients qui ont des résultats négatifs à la gastroscopie et à la coloscopie », concluent les auteurs.

Mark Appleyard, Arkady Glukhovsky et Paul Swain (Royal London Hospital). « New England Journal of Medicine » du 18 janvier 2001, pp. 232-233.
(1) Lire « le Quotidien » et « Nature » du 25 mai 2000.

Dr Emmanuel de VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6837