I L Y A des sorties dépourvues de toute grâce. De même que Bill Clinton n'a pas su quitter le pouvoir sans commettre de nouvelles gaffes, Ehud Barak a assorti sa chute d'un peu de déchéance.
Sollicité par Ariel Sharon pour entrer en tant que ministre de la Défense dans le nouveau gouvernement israélien, l'ex-Premier ministre a d'abord accepté. Au grand dam de bon nombre de travaillistes qui ne souhaitent pas donner à M. Sharon l'aval de la gauche israélienne. M. Barak, le soir même de sa défaite du 6 février, avait annoncé sa retraite anticipée de la politique. Le lendemain, il ne se montrait pas insensible aux sollicitations de son vainqueur. Quinze jours plus tard, il annonçait de nouveau sa démission de son poste électif et de ses fonctions au parti travailliste. On n'est pas sûr à cent pour cent que cette sortie soit la bonne.
Bien entendu, le fond du problème ne porte pas sur le destin personnel de M. Barak, qui a réussi à la fois à faire les propositions de paix les plus avancées et à assurer sa défaite politique, la plus grave de l'histoire israélienne. Il porte sur la participation ou non des travaillistes à un gouvernement d'union nationale dirigé par M. Sharon.
Une telle formule contient un espoir et un danger. L'espoir, c'est que les travaillistes infléchissent la politique de M. Sharon dans le sens de la reprise des négociations avec les Palestiniens et de la recherche d'un accord négocié. Le danger, c'est qu'ils soutiennent bon gré mal gré une politique de répression qui éloignerait la paix encore un peu plus.
Une parti des travaillistes est favorable au gouvernement d'union, qui rassurerait l'opinion et donnerait à la nouvelle équipe deux cartes, celle de la fermeté et celle de l'ouverture. Une autre partie, composée notamment des principaux négociateurs d'Oslo, par exemple Yossi Beilin, estime qu'il faut laisser M. Sharon s'allier à l'extrême-droite et diriger un gouvernement catastrophique qui provoquerait rapidement des élections anticipées, ce qui permettrait peut-être de constituer à la Knesset une majorité en faveur de la reprise des négociations.
Il faut bien le dire, l'idée des « colombes » israéliennes n'est pas encourageante, en ce sens qu'elle prévoit un purgatoire qui sera nécessairement sanglant. Mais par ailleurs, il n'y a aucune chance que la formation d'un gouvernement d'union ramène le calme dans la région.
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