De nombreux pays – dont la France — préconisent depuis plusieurs années une supplémentation en acide folique en période péri-conceptionnelle*. Pourtant, « la prévalence des anomalies de fermeture du tube neural en Europe n’a pas baissé au cours de ces 20 dernières années » révèle une étude INSERM publiée ce mercredi dans le BMJ. Un constat d’échec qui pour les auteurs remet en cause l’efficacité des politiques actuelles de prévention menée dans ce domaine et plaide pour une supplémentation en acide folique systématique et obligatoire de certains aliments
Spina bifida et anencéphalie toujours aussi fréquents
Dans l’étude du BMJ, les auteurs (B Khoshnood et al) ont analysé les données de 28 registres de surveillance européenne des anomalies congénitales (registres Eurocat) couvrant 19 pays et environ 12,5 millions de naissances sur la période 1991-2011. Sur ces 20 années, plus de 11 000 cas d’anomalies de fermeture du tube neural ont été recensés avec une prévalence totale en 2011 globalement comparable à celle observée en 1991 (9 pour 10 000 naissances). Les tendances pour le spina-bifida et l’anencéphalie étaient comparables, et aucune baisse substantielle n’a été observée pour ces deux anomalies.
Les recommandations actuelles inefficaces
Si cette étude observationnelle ne permet pas de conclure définitivement quant aux causes de ces résultats, elle suggère fortement que les « recommandations, la supplémentation volontaire, ou les deux, n’ont pas permis de faire baisser le taux de prévalence des anomalies de fermeture du tube neural », estiment les auteurs. En d’autres termes, « les politiques actuelles n’ont pas réussi à diminuer le nombre des anomalies de fermeture du tube neural en Europe ».
Plaidoyer pour une supplémentation systématique de certains aliments
Et de défendre l’idée d’une supplémentation (ou fortification) obligatoire et systématique de certains aliments de bases comme la farine ou les céréales, à l’image de ce que pratiquent déjà certains pays comme les États-Unis ou le Canada.
Selon différentes études, cette démarche pourrait assurer un apport d’acide folique suffisant pour diviser par deux la prévalence des anomalies de fermeture du tube neural sans qu’aucun effet secondaire grave n’ait été constaté à ce jour.
Les recommandations françaises
Selon la HAS, « les femmes enceintes (et celles qui ont un projet de grossesse) doivent être informées que l’acide folique en complément nutritionnel, 28 jours avant la conception et jusqu’à 12 semaines de gestation, réduit le risque de malformation du tube neural (anencéphalie, spina bifida). La dose recommandée est de 400 microgrammes par jour. La supplémentation systématique en folates pendant la suite de la grossesse n’a pas démontré son intérêt ».
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