Thèse de Marie-Amélie Mignot - Faculté de médecine de Lille

Fractures incidentes après une première séquence thérapeutique par bisphosphonates au cours de l'ostéoporose post-ménopausique : résultats d'une cohorte rétrospective.

Publié le 08/03/2017
MA Mignot

MA Mignot
Crédit photo : DR

Contexte.La durée optimale du traitement de l'ostéoporose post-ménopausique (OPM) par les bisphosphonates (BP) reste méconnue. De plus, la prise au long cours des BP peut s'accompagner de complications (ostéonécroses de la mâchoire, fractures fémorales atypiques). Le concept de fenêtre thérapeutique (FT) après une 1ère séquence thérapeutique par BP est séduisant mais le risque fracturaire de cette stratégie reste à déterminer. L’objectif de notre étude a été d’évaluer le risque de fracture par fragilité osseuse après une 1ère séquence thérapeutique par BP en fonction de la poursuite d’un traitement (PT) ou de la réalisation d’une FT.

Méthode : Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective réalisée au CHRU de Lille. La survie sans fracture des groupes PT ou FT a été comparée par le log rank, le modèle de Cox a été utilisé pour déterminer le hazard ratio (HR) de nouvelle fracture clinique durant le suivi. Les facteurs prédictifs de la survenue de ces fractures ont été de plus évalués.

Résultats : 183 patients ont bénéficié d’une 1ère séquence thérapeutique par BP pour OPM : alendronate (n = 81), risédronate (n = 73), ibandronate (n = 9), acide zolédronique (n = 20), pour une durée moyenne de 58,8 (±3,4) mois per os, ou 36,5 (±4,5) mois intraveineux. Un suivi entre 6 et 36 mois était disponible pour 166 patientes dont 31 ont bénéficié d’une FT et 135 d’une PT. Ces deux groupes différaient sur plusieurs critères dont l’ostéoporose, groupe FT versus groupe PT : 31,4 % et 62,3 %, p = 0,001. Les autres critères qui différaient étaient l’indice de masse corporelle (IMC), la modalité de prise du traitement lors de la 1ère séquence (per os ou IV), la prise d’un traitement anti-ostéoporotique avant la 1ère séquence. L’incidence fracturaire dans les 3 ans de suivi était de 16,1 % (5/31) dans le groupe FT et de 11,9 % (16/35) dans le groupe PT. La survie sans fracture différait significativement entre les deux groupes (log rank p = 0,0006). Après ajustement, le HR de fracture clinique lors de la réalisation d’une FT était de 1,40 (IC 95 % : 1,12-1,60) [p = 0,0095]. L’âge en fin de 1ère séquence thérapeutique par BP était prédictif de la survenue d’une nouvelle fracture clinique : 71,2 (±7,1) ans en cas de fracture versus 65,7 (±8,4) ans chez les patientes sans fracture (p = 0,002).

Conclusion. Dans cette étude, le risque de fracture clinique était augmenté de 40 % en cas de réalisation d’une FT après une 1ère séquence thérapeutique par BP. L’âge était le seul facteur prédictif de la survenue d’une fracture durant le suivi. Ces résultats nécessitent d’être répliqués dans d’autres études.

Marie-Amélie Mignot

Source : lequotidiendumedecin.fr