Éditorial

Gagnant-gagnant ? 

Publié le 07/06/2018
Article réservé aux abonnés

C’est une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Mais, concernant cette réforme emblématique, on sait à la fois tout et rien. L’objectif est aussi ambitieux que limpide : il s’agit de créer un régime de retraite universel, de sorte que le moindre centime de cotisation procure demain les mêmes droits à la retraite, qu’on soit indépendant, salarié du privé ou fonctionnaire. Une intention louable. Sauf qu'on ignore tout du périmètre de la refonte… Les médecins pourraient se rassurer en se disant qu’eux au moins connaissent déjà l’artisan de la réforme : puisque c’est leur ministre, Agnès Buzyn, qui sera à la manœuvre. Un peu mince pour se rassurer complètement…

La principale incertitude porte sur l’inclusion ou non de tout ou partie des régimes complémentaires et spéciaux dans le nouveau dispositif. Ce n'est pas la seule. Ce nouveau chantier sur les retraites intervient après d’autres mesures intervenues ces dernières années pour équilibrer les comptes. Et, pour les médecins comme pour les autres, ce n’est peut-être pas fini, même si, officiellement, l’actuel brainstorming doit déboucher sur autre chose que sur un énième plan de sauvetage.

Au-delà, chaque profession peut aussi s’interroger sur l’autonomie de sa caisse. Les médecins de ville au premier chef, alors que la CARMF a déjà fait l’objet de tentatives de mise au pas de la part des pouvoirs publics. L’inquiétude de son président exprimée cette semaine dans ces colonnes n’est pas feinte. Il en va de la souveraineté du corps médical sur sa protection sociale. Et, de façon plus triviale, de l’argent des praticiens. Car, alors que leur régime est déjà mis à contribution au titre de la compensation démographique, on pourrait redouter que les réserves patiemment constituées par la profession lui passent tout bonnement sous le nez…

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9671