A RIEL SHARON a remporté son premier succès politique de Premier ministre en convainquant les travaillistes de participer à un gouvernement d'union nationale, dans lequel il n'exclut pas d'introduire des éléments de l'extrême droite.
Les éditorialistes israéliens sont les premiers à couvrir de quolibets cette étrange association d'hommes dont les vocations sont opposées. On pense en effet que Shimon Peres sera ministre des Affaires étrangères et on voit mal comment cet homme, qui a associé son nom aux efforts en faveur de la paix, pourrait conduire une politique contre laquelle M. Sharon a été élu Premier ministre. La durée du nouveau gouvernement risque donc d'être courte.
A une majorité de 67 %, les membres du Parti travailliste, qui avaient refusé à Ehud Barak le droit de figurer dans le gouvernement Sharon, ont donc consenti à accompagner la démarche du Likoud, dont le programme demeure un mystère : dans quel but M. Sharon associe-t-il les travaillistes à son gouvernement ? Pour tempérer ses propres idées et faire de nouvelles offres de paix aux Palestiniens, ou, au contraire, pour faire avaliser une politique de répression par l'opposition parlementaire ?
On a tout lieu de croire que, à 77 ans et proche de la fin d'une carrière éblouissante, M. Peres ne s'est pas laissé manipuler par l'ancien général et qu'il aura monnayé sa participation : la présence des travaillistes dans le gouvernement en échange de la poursuite des efforts de paix. La presse israélienne ne semble pas y croire. Elle dénonce l'appétit de pouvoir des travaillistes et accuse M. Peres d'avoir vendu son âme au diable. C'est possible. Mais de toute façon, si Israël n'a pas de diplomatie de rechange, le gouvernement de M. Sharon ne durera pas.
Le langage que le nouveau chef de la diplomatie américaine tient à Israël est en effet très ferme. Il a exigé, lors de son séjour dans l'Etat juif, que le blocus des territoires soit levé et qu'Israël paie à l'Autorité palestinienne les recettes fiscales qui lui reviennent. Face au soulèvement, les Israéliens utilisent en effet toutes les armes dont ils disposent, y compris les armes économiques. Ce qui rend la situation intolérable à Gaza et en Cisjordanie où les fonctionnaires (mais aussi les combattants du Fatah) ne sont plus payés et dont la misère ne fait que s'aggraver. Il est vrai que les Palestiniens n'accepteront aucune trêve et qu'ils représentent un danger croissant pour Israël.
Le problème le plus inquiétant, c'est que, avec le nouveau gouvernement israélien, on repart de zéro, alors que la tension n'a jamais été aussi explosive et que le temps manque. Jamais la solution de cette crise n'a été aussi urgente, jamais elle n'a pas paru aussi lointaine.
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