L ES cellules dendritiques, cellules du système immunitaire présentes dans tous les tissus, sont les principales cellules présentatrices d'antigènes aux cellules T, déclenchant ainsi la réponse du système immunitaire. Toutefois, il est apparu récemment qu'il existe en fait plusieurs sous-types de cellules dendritiques dans les tissus lymphoïdes. Les études jusqu'ici se sont concentrées presque exclusivement sur les cellules dendritiques myéloïdes, trouvées en plus grand nombre. Mais alors que ces cellules myéloïdes induiraient l'immunité, les cellules dendritiques lymphoïdes pourraient induire la tolérance.
A l'appui de cette hypothèse, un premier argument de poids est maintenant fourni par une étude chez la souris, qui démontre que l'injection de cellules dendritiques lymphoïdes prolongent la survie d'un organe greffé. Cette étude a été présentée par le Dr Peta O'Connell (Thomas E. Starzl Transplantation Institute, université de Pittsburgh) à l'occasion du Congrès de Transplantation 2001 qui s'est déroulé à Chicago (congrès organisé par l'American Society of Transplantation et l'American Society of Transplant Surgeons).
L'équipe des Drs O'Connell et Angus Thompson a tout d'abord isolé et purifié des cellules dendritiques lymphoïdes (CD8 alpha+) et myéloïdes (CD8 alpha-) dans la rate de souris. Les cellules dendritiques immatures ont ensuite été différenciées in vitro sous l'influence d'un facteur de croissance (GM-CSF).
Survie du greffon prolongée
Les chercheurs ont alors injecté ces différents sous-types de cellules dendritiques à des souris recevant une greffe de cur. L'injection I. V. des cellules dendritiques lymphoïdes matures, sept jours avant la greffe, prolonge significativement la survie de la greffe cardiaque (survie moyenne de la greffe de vingt-trois jours) par rapport aux souris témoins (survie de onze jours). L'injection des cellules dendritiques lymphoïdes immatures prolonge encore davantage la survie du greffon (vingt-neuf jours), alors que les cellules dendritiques myéloïdes favorisent le rejet de la greffe (survie de huit jours).
Les résultats suggèrent que les cellules dendritiques lymphoïdes pourraient moduler la réponse immune antigreffe en faveur d'une survie prolongée du greffon. « Les cellules dendritiques dérivées des précurseurs lymphoïdes désarment, d'une manière ou d'une autre, les cellules T du système immunitaire et les empêchent d'attaquer l'organe du donneur, peut-être en causant leur mort ou en limitant leur prolifération », commente, dans un communiqué, le Dr O'Connell.
Interrogé par le « Quotidien », le Dr O'Connell explique qu'on cherche maintenant à savoir si ces cellules dendritiques lymphoïdes sont trouvées en plus grand nombre dans le sang des rares receveurs d'une greffe du foie qui, pour une raison ou une autre, ont arrêté leur traitement immunosuppresseur et continuent de tolérer leur greffe.
Une carte routière
D'après les modèles animaux, ces cellules dendritiques lymphoïdes seraient apportées par l'organe du donneur.
Cette étude sera conduite dans le cadre de l'étude multicentrique du Réseau de Tolérance Immune (ou Immune Tolerance Network), un large effort entrepris pour identifier des profils biologiques et tests de laboratoire indiquant une tolérance. Au sein de cette entreprise ambitieuse, codirigée par les Drs Angus Thompson et Adriana Zeevi (du Starzl Transplantation Institute), cette étude cherchera à mieux comprendre le processus immunologique qui survient chez les patients transplantés qui ne sont plus sous immunosuppresseurs. Le rôle des cellules dendritiques dans la tolérance sera spécifiquement examiné, ainsi que celui de certaines protéines régulatrices du système immunitaire.
« Cela procurera aux cliniciens une "carte routière" afin d'aider à identifier les patients pour lesquels l'immunosuppression peut être arrêtée sans danger », déclare le Pr Thompson dans le communiqué. « Nous aimerions identifier les indices moléculaires et cellulaires de façon que des tests prédictifs de tolérance puissent être développés », ajoute le Pr Zeevi.
Chicago. Congrès Transplant 2001.
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