C'est un vrai changement dans la mesure où il y a une vraie écoute non seulement chez la ministre mais aussi auprès de ses conseillers. La machine gouvernementale, c’est impressionnant, est d’une grande précision. Je n’ai jamais observé un tel phénomène. Il y a une cohésion entre les acteurs qui échangent régulièrement. C’est un premier point. Et ce n’est pas négligeable en période de transformation du pays. On l’a vu aux dernières rencontres organisées à Chamonix où les conseillers santé de l’Elysée et de Matignon ont assisté à l’ensemble des travaux. Sur le plan de l’action, la stratégie axée sur la prévention, l’égalité d’accès aux soins, l’innovation, la pertinence et la qualité des actes, affronte de vrais sujets. L’évaluation ne doit plus être considérée comme une sanction. Dans les pays anglo-saxons, elle est vécue comme une promotion possible. Nous dépensons chaque année 6 milliards d’euros en radiologie, dont 50 % se révèlent inutiles. Quatre milliards et demi sont consacrées au transport sanitaire sans parler de la biologie. Ce chantier, s’il est mené à bien, ouvre de grandes perspectives. Sur des dossiers comme la vaccination, Agnès Buzyn apporte son poids scientifique, une dimension que n’avait pas Marisol Touraine. A l’hôpital, une plus grande autonomie de gestion est enfin accordée aux directions. C’est un changement majeur. La création de la fonction publique hospitalière a été en son temps une erreur tragique. La fonctionnarisation des personnels interdit de promouvoir les meilleurs, d’alerter ou de sanctionner les moins bons, et d’impulser une dynamique positive de valorisation. Cela devrait permettre au directeur de mettre en avant comme l’on dit dans les entreprises les hauts potentiels. Le système est figé. Mais la liberté de l’hôpital n’est peut-être pas la priorité par rapport au calendrier médiatique. Cela n’a jamais été fait à l’exception d’un amendement liberté déposé en 1986 permettant aux hôpitaux d’édicter leur propre règlement intérieur. Seuls deux hôpitaux alors se sont engouffrés dans la brèche. On est dans un système où personne n’ose bouger. Quant aux GHT, je regrette profondément qu’ils n’aient pas été ouverts au secteur privé. C’est là la tâche la plus sombre du bilan de Marisol Touraine. Je plaide pour la création de territoires de santé.
En ce qui concerne les points négatifs, je n’ai pas de critiques de fond. L’étoile polaire est bonne. J’aurai certes préféré à la tête de la Haute Autorité de santé voir nommer Elisabeth Hubert, médecin généraliste de formation qui avait exercé des responsabilités importantes dans différents champs de la médecine. Mais cette candidature n’a pas été retenue. C’est pour moi une erreur. Attendons toutefois de voir à l’oeuvre la nouvelle présidente.
Enfin, nous n’en sommes que dans les premiers mois. Mais au fil des jours, je suis étonné par le calme, la maîtrise dont fait preuve au quotidien Agnès Buzyn.
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