D EPUIS janvier 1999, l'Agence nationale de recherches sur le SIDA (ANRS) a pour mission supplémentaire de prendre en charge la recherche clinique, thérapeutique et de santé publique sur l'hépatite C. Depuis, quatre essais thérapeutiques et de nombreux projets de recherche ont été entrepris et l'agence vient de constituer quatre groupes de travail correspondant à des priorités de recherche : santé publique, épidémiologie, hépatopathies graves et traitements.
Le chiffre estimé de 500 000 à 600 000 personnes infectées par le VHC semble se confirmer. Or un tiers seulement des sujets concernés connaissent leur diagnostic et les obstacles au dépistage sont encore nombreux. Les nouvelles contaminations touchent essentiellement les usagers de drogue qui sont une population difficile à suivre. Une étude de cohorte, menée conjointement par l'InVS (Institut national de veille sanitaire) et l'ANRS auprès de jeunes toxicomanes séronégatifs pour le VHC, suivis pendant un an et demi, est actuellement en cours. « Les difficultés du dépistage concernent également les populations en situation de précarité chez qui la prévalence de l'infection semble supérieure, sans que l'on puisse en donner l'explication, explique Jean-Claude Desenclos de l'InVS. Les transmissions nosocomiales, en hémodialyse ou en réanimation par exemple, sont aussi très difficiles à estimer en raison de la faible incidence de la maladie. Plusieurs projets de recherche sont en cours de discussion. »
La transmission mère-enfant fait l'objet de l'essai « Hepacamp » dans le cadre de la procréation médicalement assistée (PMA). Une partie de l'étude examine le devenir d'enfants de mères séropositives pour le VHC et l'autre celui d'enfants issus de couples dont l'un des membres est séropositif.
Essais de trithérapies
Les priorités de la recherche thérapeutique concernent les 40 à 50 % de patients non répondeurs à la bithérapie interféron-ribavirine et les patients naïfs, infectés par la génotype 1 dont on sait que la réponse est mauvaise (60 % en échec thérapeutique). L'arrivée prochaine sur le marché d'un interféron pégylé, administré une fois par semaine devrait augmenter d'environ 10 % le nombre de guérisons. Trois stratégies thérapeutiques sont par ailleurs développées. La première consiste à intensifier le traitement antiviral avec une trithérapie interféron pégylé + ribavirine + amantadine (antiviral non spécifique). L'essai Bitri, coordonné par le Pr Christian Trépo (Hôtel-Dieu, Lyon) va inclure 200 patients résistant au traitement de référence. La moitié prendra l'association interféron pégylé-ribavirine, l'autre une trithérapie avec l'amantadine, pendant 48 semaines et les patients seront suivi pendant 18 mois. Un premier essai pilote de trithérapie avec un interféron standard avait obtenu 50 % d'éradication virale chez ce type de patients.
Une autre stratégie consiste à ralentir l'évolution de l'hépatite avec un traitement prolongé par interféron. Enfin, l'effet antifibrosant de l'interleukine 10 (IL10) et de l'IL2 permet d'envisager des traitements ciblés sur la protection hépatique. Un essai pilote (RIFIL-2) va évaluer l'efficacité de l'IL2 en complément de la bithérapie chez 20 patients infectés par le génotype 1, non répondeurs au traitement standard.
« En matière d'hépatite C, on s'intéresse plus à l'hépatopathie qu'à la maladie virale, a expliqué le Pr Stanislas Pol (hôpital Necker, Paris). Maintenant que l'on connaît le caractère dynamique, potentiellement réversible de la fibrose, on peut concevoir de traiter l'hépatopathie, en complément du traitement de l'infection elle-même. »
Conférence de presse de l'ANRS, en présence de Michel Kazatchkine (président de l'ANRS) et de Stanislas Pol (président de l'AC 24 : essais thérapeutiques dans l'hépatite C).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature