A PRES les médecins libéraux, et leur « semaine santé morte » de la fin de l'année dernière, c'est au tour des médecins hospitaliers d'organiser un coup d'éclat auprès du public.
Ainsi, la Coordination médicale hospitalière (CMH) appelle les médecins et les pharmaciens hospitaliers à organiser dans les hôpitaux et les régions des rassemblements et des actions durant la semaine du 5 au 9 février. Un préavis de grève des soins non urgents devrait être déposé ces jours-ci de « façon à permettre la participation aux différentes actions », explique le syndicat. Objectif affiché : sensibiliser patients, malades, médias et pouvoirs publics aux difficultés rencontrées par les médecins hospitaliers pour accomplir leur mission dans des conditions acceptables. Il ne s'agira pas de journées « santé morte » mais de journées « hôpitaux vivants », souligne François Aubart, président de la CMH. « Nous ne voulons pas faire de grève dure », assure-t-il.
Durant cette semaine, la CMH appelle « en concertation avec les syndicats de personnels et de médecins, à organiser des assemblées dans les hôpitaux, des points presse, (des) rencontres avec les ARH (agences régionales de l'hospitalisation) , les directions hospitalières et des manifestations ».
Par cette action, la CMH entend notamment dénoncer la pénurie de médecins et de personnels hospitaliers qui sévit actuellement dans les établissements publics et qui « ne permet plus à l'hôpital de remplir ses missions dans de nombreux domaines ». Selon le syndicat, « les urgences, les filières de l'enfant, de la naissance, et à l'autre bout de la vie, la filière gériatrique manquent de bras, de reconnaissances et de structures adaptées ». Des difficutés dues en partie, selon le syndicat, à une mauvaise répartition de la démographie médicale entre secteur privé ( « pompe aspirante pour les spécialistes ») et le secteur public.
Pour le recrutement de 8 000 spécialistes
Pour François Aubart, « le maintien des compétences à l'hôpital impose de recruter à terme 8 000 spécialistes ». En effet, poursuit-il, « 2 400 postes de médecins des hôpitaux sont actuellement vacants ou occupés par des non-titulaires, rappelle-t-il. A cela s'ajoute le fait que 1 800 postes supplémentaires seront nécessaires eu égard à un récent arrêt de la Cour européenne ». Ce texte, du 3 octobre 2000, dit arrêt « Valenciana » limite, en effet, à quarante-huit heures le temps de travail maximal des médecins hospitaliers, gardes comprises, alors qu'il est actuellement en France supérieur à cinquante-trois heures par semaine, précise François Aubart, qui se réfère à une enquête de la direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (DREES), un organisme qui dépend du ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
En outre, poursuit-il, « la mise en place de la réduction du temps de travail va justifier (la création) de 3 500 postes environ ».
Dans ce contexte, la CMH estime que les discussions sur la réduction du temps de travail devront être l'occasion de refondre l'organisation de l'offre de soins en France, « fortement inégalitaire ».
A ce titre, François Aubart déplore que les professions médicales du secteur public n'aient pas été conviées au « Grenelle de la santé », le 25 janvier, réunion qui sera essentiellement axée sur l'avenir du secteur libéral. « C'est une grosse erreur politique », a affirmé le président de la CMH qui compte toutefois profiter de la rencontre qu'Elisabeth Guigou organise le 5 février avec les praticiens hospitaliers, pour lui faire part de ses inquiétudes et de ses revendications.
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