U N essai multicentrique allemand a sélectionné 145 personnes « souffrant » d'une hyperhydrose axillaire primaire caractérisée, arbitrairement dans l'étude, par une production de sueur supérieure à 50 mg/min. Toutes avaient été traitées sans succès par application locale de sels d'aluminium, pendant un an et n'avaient plus de protocole thérapeutique en cours.
L'étude a consisté à administrer, en double aveugle contre placebo, soit une injection sous-cutanée de toxine botulique A (une dose de 200 unités) dans le creux axillaire, soit un placebo disposé sur un support identique. La nature de l'injection n'était révélée aux patients et aux médecins qu'au quatorzième jour, après avoir effectué les mesures comparatives de la production de sueur par gravimétrie.
Dans la deuxième partie de l'essai, les investigateurs ont injecté une demi-dose de toxine botulique A (100 U) dans le creux axillaire non traité et les dernières mesures quantitatives ont été effectuées à la 24e semaine.
La production moyenne de sueur est passée de 192 ±136 mg/min avant injection à 24 ± 27 mg/min la deuxième semaine après injection de toxine et 144 ± 113 mg après injection de placebo.
La réduction obtenue après injection de toxine est significativement supérieure à celle du placebo.
La baisse était aussi significative
Deux semaines après l'injection de 100 U de toxine A dans le creux axillaire non traité, la baisse était aussi significative puisqu'elle passait de 144 ± 113 mg/min à 32 ± 39 mg/min. La production exagérée de sueur est réapparue progressivement à la 12e et à la 24e semaine. Le bénéfice de la dose de 200 U en comparaison de celle de 100 U n'est pas significatif (81,4 % vs 76,5 %).
Durant les deux semaines qui ont suivi l'injection, aucun effet indésirable grave n'est apparu. Quelques patients se sont plaints de céphalées (n = 4), de douleurs musculaires dans l'épaule (n = 2), de prurit axillaire (n = 1) et d'œdème de la face (n = 1). Le questionnaire de satisfaction rempli par les candidats un mois après l'injection était largement favorable à la méthode puisque 90 % d'entre eux étaient prêts à recommander la toxine en cas d'hyperhydrose axillaire.
L'hypersudation n'est certes pas une maladie mais elle compromet sérieusement la qualité de vie. Outre la gène sociale qu'elle entraîne, l'hyperhydrose peut se compliquer d'infections, de macérations, d'irritations. Parler d'hypersudation nécessite de fixer les limites d'une sudation normale. Les dermatologues allemands ont choisi le seuil de 50 mg/min, mesuré à l'aide d'un buvard appliqué dans le creux axillaire pendant une minute puis pesé car ce chiffre s'accompagne de signes cliniques évidents d'hypersudation. Mais il existe d'autres méthodes et d'autres normes comme la mesure de la sueur évaporée après un test de stimulation par métacholine.
L'hyperhydrose se traite par ionophorèse, application locale de sels d'aluminium, anticholinergiques et bêtabloquants. L'ionophorèse qui consiste à faire passer un courant de faible intensité à partir d'électrodes n'est pas utilisé dans le creux axillaires pour des problèmes évidents d'intolérance. Les sels d'aluminium sont efficaces, mais doivent souvent être interrompus en raison de leur caractère irritant. L'efficacité des anticholinergiques et des bêtabloquants est variable. Dans ce contexte, l'injection intra-dermique de toxine botulique A, se place comme une alternative pour les patients non répondeurs aux autres traitements.
Marc Heckmann et coll, « New England Journal of Medicine », vol. 344, n° 7, 15 février 2001.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature