AU FOND, c’est une bonne surprise. Et il a fallu une étude approfondie sur le sujet pour s’en convaincre. « La France n’est pas en retard », assure Joël Karecki, président de Philips France et vice-président de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication. L’étude menée conjointement avec l’Agence des systèmes d’information partagés de santé, en choisissant des projets qui avaient fait leurs preuves (une dizaine au total) dans les domaines de la coopération hospitalière, de la télésurveillance, des soins à domicile ou de l’autonomie des personnes et du partage d’images, montre que les expériences restent de taille réduite sur des territoires limités.
« C’est un sujet sur lequel je suis optimiste », renchérit le Dr Jean-Yves Robin, directeur de l’ASIP Santé, car il y a une qualité et une constance des réunions publics-privés et la volonté de renforcer les partenariats publics-privés. L’étude appelle plusieurs remarques de sa part : tous les projets ont un impact systémique nécessitant coopération des acteurs et décloisonnement des structures, ils doivent répondre aux besoins des professionnels et des patients, l’évaluation médico-economique est encore difficile et il faudra, enfin, sensibiliser les utilisateurs à ces nouvelles technologies.
Pas encore de modèle économique.
L’étude apporte quelques éléments d’évaluation : baisse du nombre de journées d’hospitalisation et des déplacements, diminutions des rechutes et des urgences. Le programme allemand SHL Telemedezin sur la télésurveillance des maladies cardiovasculaires se targue par exemple d’une économie de 31 % pour les coûts globaux de prise en charge et de 77 % pour les coûts hospitaliers. Mais dans l’ensemble, les économies sont inférieures aux investissements.
Jean-Yves Robin en convient, le principal frein à la généralisation des expériences, c’est le modèle économique qui n’a pas encore été trouvé. Dans les exemples européens, les financements sont mixtes, publics (programmes spécifiques, budget général, assurance maladie) et privés (patients et assurances). En France, l’ASIP Santé va publier les résultats de son appel à projets (voir encadré). La direction de la Sécurité sociale et l’assurance-maladie menent une reflexion commune pour inscrire de nouveaux actes de télémédecine dans la nomenclature d’ici à la fin de l’année [le remboursement de systèmes de télésurveillance pour défibrillateurs cardiaques implantables vient d’être acté par deux arrêtés parus au « J.O. » du 22 mars, deux dispositifs seront ainsi pris en charge à partir du 4 avril NDLR). Le champ de la télésanté qui relève du soin et de l’assurance, « passera par la case prise en charge » souligne le Dr Robin, même si une autre partie plus proche du bien-être, se rapproche du consumérisme grand-public. L’enjeu est de sortir du champ de l’expérimentation et de faire émerger des solutions industrielles généralisables voire exportables.
Le rapport est téléchargeable sur le site de l’ASIP Santé : www.esante.gouv.fr
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