O N n'entend pas les amuseurs de tout bord se moquer de Philippe Séguin sans hésiter quelque peu à rejoindre le chœur des quolibets. Mais, tout de même ! Capable de changer de stratégie, dans la bataille électorale pour la Mairie de Paris, à trois semaines du scrutin, ne devrait-il pas avoir le bon goût de faire un choix encore plus drastique et de laisser un (ou une) autre poursuivre le combat qu'il a mené de façon particulièrement énigmatique jusqu'à présent ?
Pendant des semaines, il nous a expliqué, de façon exhaustive, les raisons pour lesquelles il avait décidé de ne s'inscrire qu'en quatrième position sur la liste des candidats RPR dans le XVIIIe arrondissement. Pendant des semaines, il nous avait vanté les qualités de Roxane Decorte, jeune femme éminemment sympathique qu'il avait placée en pôle position. Pendant des semaines, Mlle Decorte, avec une fraîcheur réconfortante, nous avait exposé les bonnes raisons de « Monsieur » Séguin.
Il est vrai que, pendant la même période, Philippe Séguin a été harcelé par ses proches qui le pressaient de changer d'avis. Mais il leur a résisté avec sa superbe habituelle, comme s'il fût incapable de se tromper, ou plutôt comme si, dans sa quête d'une politique différente, il eût perdu son âme à céder à une logique ennuyeuse et privée de toute originalité. Bref, comme si, au fond, il trouvait dans cette quatrième et très humble place une idée si novatrice qu'elle flattait son ego.
Il est compliqué, M. Séguin. Et il l'est tellement que, en début de semaine, il a fini par le reconnaître lui-même et par admettre que s'il devait entraîner ses troupes vers la bataille, il fallait qu'il fût à leur tête. Aussitôt dit, aussitôt fait, et Mlle Decorte d'être reléguée à la deuxième place pour permettre à son illustre patron d'accéder à la première. Et voilà que l'une et l'autre nous expliquent aujourd'hui avec la même passion pourquoi M. Séguin, après avoir fait le bon choix en ne se portant pas tête de liste, en a fait un encore meilleur en bousculant la pauvre Roxane. Ils n'avaient pas prévu que les féministes hurleraient de rage et stigmatiseraient Philippe Séguin de la pire des manières, c'est-à-dire en le comparant à Alain Juppé et ses ministres-femmes éphémères.
Ah ! C'est bien vrai : en France, les hommes font des femmes tout ce qu'ils veulent, et pire, avec leur consentement ! On leur répondra que Paris vaut toutes les trahisons, à commencer par celle de sa propre conscience. Sauf que la double inconstance de M. Séguin n'améliorera pas son image et qu'à faire ainsi le contraire de ce qu'il disait, après avoir fait le contraire de ce qu'on attendait de lui, il risque d'assurer la victoire de son adversaire socialiste.
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