Démences après hémorragie cérébrale spontanée

Incidence et facteurs de risque

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Publié le 22/06/2017
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Durant une médiane de suivi de 6 ans, 63 patients ont développé une démence. Dès la première année, 14 % de démence ont été diagnostiquées. Et au terme de 4 ans l'incidence cumulée atteint 28 %. « Cela confirme que le risque de survenue d’une démence est important après une hémorragie intracérébrale », résume S Moulin.

Plus de démences dans les hémorragies lobaires

« À 1 an, les démences sont deux fois plus fréquentes chez les sujets ayant fait une hémorragie lobaire comparée aux sujets ayant une hémorragie non lobaire (respectivement 27 % et 9 %). À distance de l’hémorragie intracérébrale, les taux de démence au sein des sous-groupes lobaire et non lobaire tendent à se superposer. Cela suggère que la localisation lobaire en elle-même peut être responsable de la survenue d’une démence durant la première année. En revanche plus à distance, la survenue de la démence serait probablement plus en lien avec la maladie des petits vaisseaux sous-jacents ». Ces résultats confortent une précédente observation issue d’une étude menée au sein de l’équipe lilloise parue en 2010 (2). « Ce travail mettait en évidence un taux de démence préexistante plus élevée chez les patients présentant une hémorragie lobaire », souligne S Moulin.

Facteurs de risque à l'imagerie

Parmi les 188 patients (85 %) ayant bénéficié d’une IRM, les facteurs prédictifs radiologiques de démences ont été recherchés. L'analyse réalisée dans la population globale met en évidence plusieurs facteurs de risque associés de façon significative à la démence de novo : une sidérose superficielle corticale, un score d'atrophie corticale élevé, un nombre élevé de microsaignements (plus de 5) et un âge avancé. Ces facteurs de risque sont également retrouvés dans le sous-groupe des hémorragies lobaires. « Ces marqueurs radiologiques et notamment la sidérose superficielle corticale qui majore très fortement le risque de démence (RR = [7,5 4,3-13]) suggère l'implication d'une angiopathie amyloïde corticale sous-jacente », ajoute S Moulin. D’autres études sont nécessaires afin de mieux préciser la pertinence clinique de la sidérose superficielle corticale. Ces résultats permettront de mieux informer les patients et leurs aidants sur le risque de déclin cognitif au décours d’une hémorragie cérébrale et de mettre en place des stratégies de prévention notamment ciblées sur les lésions dites « silencieuses » à l’IRM. De même, au terme de ce travail, introduire un critère de jugement cognitif aux essais cliniques dédiés aux hémorragies semblerait pertinent.

D'après un entretien avec la Dr Solène Moulin (CHRU de Lille)

(1) Moulin S et al. Dementia risk after spontaneous intracerebral haemorrhage: a prospective cohort study. Lancet Neurol 2016;15:820-9

(2) Cordonnier C et al. What are the causes of preexisting dementia in patients with intracerebral haemorrhages? Brain 2010;133; 3281-9

Pascale Solère

Source : Bilan Spécialiste