CLASSIQUE
M AUVAISE nouvelle, qui a fait la semaine dernière l'effet d'un pavé dans la mare de l'industrie phonographique classique européenne déjà bien mal portante : le groupe Warner Classics annonce la fermeture des deux labels, l'un allemand, Teldec Classics, l'autre français, Erato Disques. C'est probablement l'équivalent d'un assassinat pour deux labels aux activités créatrices audacieuses et, pour Erato, anciennes. Ces labels ne disparaîtraient pas mais seraient transférés dans une
Nouveau personnel, autre marketing, rien n'est à présent annoncé quant à la politique artistique qui sera menée pour ces labels qui comptent dans leurs écuries des noms tels José Cura, Nikolay Lugansky, Karita Mattila, Susan Graham, pour Erato, Nikolaus Harnoncourt, Daniel Barenboïm, Hélène Grimaud, Andreas Staier, Il Giardino Armonico pour Teldec.
Après l'absorption, il y a quelques années, de Virgin par EMI, qui a heureusement sauvé la partie classique de ce label, la restructuration du groupe Polygram au sein d'Universal, qui a abouti à une baisse très nette de la production des labels Decca, Philips et Deutsche Grammophon, la réduction drastique des productions classique de Sony Classicals et de BMG, qui a absorbé entre autres les labels RCA, Deutsche Harmonia Mundi et Le Chant du Monde, c'est un effet supplémentaire de la crise du CD classique. Elle est due, entre autres facteurs, à une saturation de la clientèle, la carrière de ce support ayant été menée pendant vingt ans en dépit du bon sens, comme si l'on voulait tuer la poule aux ufs d'or, et, dans une moindre mesure que pour la pop music, à la concurrence d'Internet . Hormis Harmonia Mundi, éditeur français à la gestion saine et à l'activité florissante dans la qualité, les éditeurs tentent d'y remédier avec des solutions souvent bancales : compilations, programmes à thème, rééditions à bas prix et, la plus perverse de toutes, le « cross over ». Ce dernier consiste à faire chanter, dans le domaine qui nous intéresse, de la musique populaire, folklorique ou de variété par des chanteurs de formation classique. Cela nous a valu de tout temps des chants de Noël, type le plus ancien et traditionnel de cross over, par Elisabeth Schwarzkopf ou plus récemment Anne Sofie von Otter pour le meilleur, et par des Barbara Hendricks pour le pire, de redoutables chants maoris ou des airs de musicals de Broadway par Kiri Te Kanawa, des chants napolitains par Luciano Pavarotti, espagnols par José Carreras, Montserrat Caballé, et bien d'autres encore, dont l'entreprise baptisée « Les Trois Ténors », qui s'est révélée la plus juteuse au niveau planétaire.
On ne s'improvise pas crooner
Deux CDs sortis en mars viennent ajouter de la mauvaise eau à ce moulin. Ram[151]n Vargas, ténor de l'écurie RCA/BMG Classics vient, avec « Mexico Lindo », nous rappeler ses racines mexicaines. Seulement voilà, les ports de voix déjà si laids dans l'opéra ne passent pas du tout dans ce genre qui, pour être mineur, n'en a pas moins ses règles et ses exigences, l'absence de monotonie n'étant pas la moindre. Beaucoup plus fin musicien, l'Espagnol Pl[135]cido Domingo, qui possède aussi un passé mexicain, avait l'an dernier produit dans le même répertoire un enregistrement beaucoup plus intéressant chez EMI, « 100 años de Mariachis ». Mais voilà, production oblige, que le seul des « Trois ténors » qui bénéficie de notre indulgence signe chez le même éditeur « Songs of love », un fourre-tout bâclé qui va de « O Sole mio » à « Love Story » en passant par « Somewhere over The Rainbow ». On doute fort que ce genre d'entreprise soit propre à sauver une industrie au bord du gouffre. On ne s'improvise par crooner, il faut laisser faire aux professionnels ce qu'ils savent faire dans leur domaine et peut-être remplacer comme autrefois la notion de rentabilité immédiate par celle du long terme et de la qualité.
Danse au profit de AIDES : Angelin and friends
Le chorégraphe français d'origine albanaise Angelin Preljocaj a réalisé une soirée de danse contemporaine, qui aura lieu le 5 avril au profit de l'association AIDES pour l'aide à la recherche et l'information du public sur le SIDA. Pour cette « Carte blanche à Angelin Preljocaj », il sera entouré de ses amis, chorégraphes, danseurs étoiles de l'Opéra de Paris et du Royal Ballet pour une soirée unique et exceptionnelle.
Au programme : « Douche écossaise », de Karin Saporta, avec Séverine Admy ; le pas de deux du « Parc », premier ballet réalisé par Angelin Preljocaj pour le ballet de l'Opéra de Paris et deux de ses étoiles, Elisabeth Guérin et Laurent Hilaire ; « One State », de Wayne Mc Gregor avec Deborah Bull et Wayne Mc Gregor ; « Eden », de Maguy Marin avec Isabelle Arno et David Maçy ; « Paysages », détails du spectacle de Preljocaj créé pour le Festival d'Avignon par sa propre compagnie ; et « Falling Picture », de Gilles Baron, par Aurélie Dupont, dernière danseuse étoile nommée du ballet de l'Opéra de Paris.
Châtelet (01.40.28.28.40) le 5 avril à 20 h 30. Prix des places : de 55 à 295 F. Prix avec cocktail en présence des artistes : 500 F. Renseignements et réservations : AIDES Ile-de-France, tél. 01.53.27.63.00.
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