Infarctus : les femmes victimes de plus en plus jeunes

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Publié le 08/03/2016
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Crédit photo : Phanie

De plus en plus souvent hospitalisées, pour des durées plus longues et avec une létalité plus importante, les femmes françaises payent un tribut de plus en plus lourd à l'infarctus du myocarde. 

Le nombre d'hospitalisations pour infarctus chez les femmes a augmenté de 4,8  % par an, entre 2009 et 2013, entre 45 et 54 ans contre +3  % entre 2002 et 2008 alerte l'institut de veille sanitaire (InVS) dans son numéro thématique du Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH). Cette évolution contraste avec celle des hommes du même âge : la proportion d'hommes hospitalisés suite à un infarctus a augmenté de 2 % entre 2009 et 2013.

Les femmes hospitalisées sont de plus en plus jeunes : un an de moins en moyenne depuis 2008 alors qu'aucune évolution n'a été observée chez les hommes. Une situation, selon InVS, liée à l'évolution des modes de vie : stress, sédentarité, alcool. Les femmes connaissent en outre des expositions à des facteurs de risque hormonaux qui leur sont spécifiques (contraception œstroprogestative, grossesse, ménopause). 

Près de 20 000 femmes hospitalisées en 2013

En 2013, les femmes représentaient 31,6 % des 61  611 patients hospitalisés au moins une fois pour un infarctus, avec une durée d'hospitalisation moyenne plus importante (7,4 jours contre 6,4 jours chez les hommes) et une létalité plus forte (10,8 % contre 5,6 %). Les auteurs de l'étude, le Pr Nicolas Danchin (Hôpital Européen Georges Pompidou), Amélie Gabet et Valérie Olié (épidémiologiste à l'InVS) notent que les résultats de la France diffèrent de ceux des autres pays européens qui ont un taux d'hospitalisation plus fort mais présentent une tendance à la baisse.

On observe cependant une baisse de 31 % de la mortalité cardiovasculaire chez les femmes de moins de 65 ans et de 55 % chez les plus de 65 ans, ce qui « souligne la qualité de la prise en charge de l'infarctus et de l'AVC en France » selon le Pr Claire Mounier-Vehier, chef du service de médecine vasculaire et hypertension artérielle à l’hôpital cardiologique du CHRU de Lille et présidente de la fédération française de cardiologie.

Pour elle, il est urgent de « bouleverser nos cultures sociétales, qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardiovasculaires par leurs hormones ». Elle suggère de proposer aux femmes un parcours de soins dédié, « en s'appuyant sur les structures ressources, comme les plannings familiaux, les Caisses primaires d'assurance-maladie, les centres sociaux... ». Elle propose également d'impliquer la médecine du travail « parfois seul recours médical, avec des repérages ciblés comme la grossesse ».

Des symptômes mal connus

La fédération française de cardiologie demande aussi la mise en place de programmes de préventions destinés aux femmes. Selon un autre article publié dans le BEH, la structure démographique des fumeuses se rapproche progressivement de celle de l'homme : l'âge moyen passe de 33 ans en 1992 à 41 ans en 2014 parmi les femmes, pendant que celui des hommes évolue de 38 à 40 ans sur la même période. Si la proportion de fumeuses de moins de 45 ans a diminué, moins vite que chez les hommes, on observe, entre 2005 et 2010, une augmentation du tabagisme chez les femmes de 45 à 64 ans, avec un taux passant de 23 à 26 %.

Selon le Pr  Mounier-Vehier, « il y a un défaut d'information, même chez les professionnels de santé, qui conduit à des diagnostics un peu tardifs. Les symptômes sont plus atypiques. Les femmes souffrant d'une crise cardiaque éprouvent une sensation de malaise et de fatigue mal expliquée par des examens complémentaires. Les autres signes sont un essoufflement anormal malgré une saturation et un ratio VEMS/CV normal. » Les autres signes sont des douleurs gastriques mal compensées par les anti acides, des nausées, et des vomissements que ne parviennent pas à traiter les pansements intestinaux.


Source : lequotidiendumedecin.fr