L A guerre des « pousse-seringues » contre les « porte-aiguilles » n'aura pas lieu.
Longtemps rivales, les IADE (infirmières anesthésistes diplômées d'Etat) et les IBODE (infirmières de bloc opératoire diplômées d'Etat) ont fait la paix. Après être allées au feu en ordre dispersé en mai et en juin 2000, elles font grève commune depuis le 9 janvier et défendent ensemble des revendications statutaires, salariales et démographiques.
Ces deux catégories d'infirmières spécialisées partagent une exigence : celle d'obtenir, dans le cadre des négociations en cours au ministère sur la révision des filières professionnelles hospitalières, des rémunérations « à hauteur de leur qualification » - pour les infirmières anesthésistes par exemple, le CNIA (Collectif national des IADE) demande que les salaires, aujourd'hui échelonnés entre 9 000 et 14 000 F, courent de 13 000 à 21 000 F.
Une « exclusivité de fonction »
Indépendamment de cette cause commune, les IBODE se battent seules pour obtenir une « exclusivité de fonction », c'est-à-dire pour que leurs tâches ne puissent pas, contrairement à ce que prévoyait une disposition de la loi créant la couverture maladie universelle (CMU), être confiées à des personnels paramédicaux non qualifiés.
En toile de fond de ce mouvement : la pénurie en personnels qualifiés des blocs opératoires. Une pénurie que constatent aussi les médecins qui soutiennent aujourd'hui les infirmières en colère.
Le soutien des médecins
La Coordination médicale hospitalière (CMH) et le Syndicat des chirurgiens hospitaliers (SCH) affirment dans un communiqué que sans IADE et sans IBODE, « il est désormais illusoire de pouvoir opérer le moindre malade dans des conditions de qualité et de sécurité ». Raison pour laquelle le Syndicat des chirurgiens des hôpitaux de Paris requiert, lui, des pouvoirs publics qu'ils accèdent « dans les plus brefs délais aux justes exigences » des infirmières spécialisées.
Le gouvernement et les infirmières sont pour l'instant engagés dans un dialogue de sourd. Depuis presque un mois, c'est l'épreuve de force. Les infirmières spécialisées, qui se regroupent pour de grandes manifestations - le 23 janvier, elles étaient plus d'un millier à Paris, sont en grève dans toute la France, travaillant sur assignation dans certains services, organisant des débrayages dans d'autres. Leur prochain rendez-vous avec les pouvoirs publics est vendredi : les organisations qui orchestrent le mouvement (l'UFMICT-CGT, SUD-Santé, le CNIA, le SNIBODE, l'UNAIBODE, le SNIBODE) sont reçus à la DHOS (direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins).
Il y aurait en France environ 8 500 IADE et 4 000 IBODE. La formation des IBODE dure un an à la sortie des écoles d'infirmières, celle des IADE dure deux ans. Dans les blocs opératoires, 60 % des infirmières seraient des IDE (infirmières diplômées d'Etat), non spécialisées. Pour celles-ci, les infirmières anesthésistes et les infirmières de bloc demandent des conditions facilitées de spécialisation.
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