Verbatim

"Internez-nous" : tout le monde en prend pour son grade

Publié le 26/01/2014

Le choix de la spécialité
«Oh là là, tu veux faire médecine générale alors que tu es bien classé à l’internat, quelle erreur! Tu vas travailler plus pour gagner moins, fais plutôt radiologue!»

Le choix du stage
«A 8h30 les trois premiers internes de la promotion dont je fais partie sont appelés. Nous ne sommes que deux à nous lever . La major de la promo n’est pas là. Bizarre.(...) On attend 5 minutes puis 10, toujours personne. On me demande alors quel est mon choix. (...) Quant à l’interne en question, elle est arrivée 35 minutes en retard, 20 autres internes avaient alors déjà fait leur choix avant elle. Je ne sais pas dans quel stage elle a atterri mais en tout cas, elle a dû être bien dégoûtée.»

«Je m’en doutais. Je suis arrivée très mal classée à l’internat. J’ai pris médecine générale. J’ai choisi mon premier stage dans les derniers. Il me restait le service de transplantation hépatique...»

La fac
«Les profs sont des médecins généralistes débordés, suspendus à leurs téléphones avec leurs patients ou leurs internes qui ont besoin d’aide, en train de les remplacer à leur cabinet. Les présentations sont pratiquement les mêmes depuis cinq ans, jamais actualisées, et leur motivation est telle qu’elle ne risque pas d’être contagieuse. Bref, il faut le faire alors on y va mais quelle perte de temps... sans parler des autres contraintes facultaires.»

L’hôpital
«Mon ami, il s’est tué en voiture en sortant de garde. Ses derniers mots au téléphone en partant de l’hôpital: "Nuit de merde, j’en peux plus, suis crevé."»

«Bon merci beaucoup pour votre visite vous êtes bien aimable. Mais euh, dites-moi, il passe quand me voir le médecin?» (Un patient)

Stages ambulatoires
«Au début de mon Saspas, j’ai trois maîtres de stage, enfin théoriquement, tous dans le même cabinet. Deux sont géniaux, rien à redire. Heuuuuu... la troisième...comment dire? Inexistante. Oui, mais aussi irrespectueuse, profiteuse, agressive, sans aucune considération pour moi. Bref, absente. Mais genre avec un grand "A". (...) Je suis peut être méchante mais le dernier jour, je vous assure que j’ai eu envie de lui cracher au visage. »

«Mesdemoiselles, vous serez gentilles de ne pas tomber enceinte durant votre SASPAS, ce ne serait quand même pas très correct vis-à-vis de vos maîtres de stage...» (Avis aux amateurs...) (La responsable à la faculté)

Vie privée
"Ben oui, c’est dur, mais tu as choisi de faire médecine, alors bon..." (Un proche d’interne)

Et après ?
«Pendant l’entretien on me demande pour la centième fois : "Mais au fait, pourquoi avez-vous voulu faire médecine ?" Pour la centième fois je répond ce que les gens veulent entendre: "Oh ... c’est une vocation."Réponse à laquelle ils répondent: "Ah... c’est beau ça..." peut être. Sûrement. C’est beau, mais c’est dur, et surtout ce n’est pas toujours vrai.»

Extraits de "Internez-nous!-Vos futurs médecins généralistes témoignent", collection "Paroles d’étudiants", 14,90 euros

Source : lequotidiendumedecin.fr