Italie : le recrutement de gynécologues non objecteurs de conscience fait polémique

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Publié le 24/02/2017

Aux États-Unis, le président Donald Trump s'attaque à l'avortement en interdisant le financement d'ONG internationales qui soutiennent les interruptions volontaires de grossesse. En France, après des débats houleux, le délit d'entrave à l'IVG a été finalement adopté en janvier dernier dans un climat difficile, le sujet faisant partie des thèmes de fond de certains candidats à la présidence.

Sept obstétriciens sur dix

Et en Italie, le nombre croissant de médecins objecteurs de conscience complique l'application de la loi 194 adoptée en mai 1978. Selon une enquête publiée l'an dernier par le ministère de la Santé, 7 obstétriciens sur dix sont contre l'IVG. Dans le Latium et les Abruzzes, 80,7 % de praticiens font jouer la clause de conscience. Dans le Molise (centre), les objecteurs de consciences représentent 93,3 % du nombre de gynécologues. Dans certaines régions comme la Sicile, par exemple, des services ont dû être fermés en raison du manque de praticiens et les femmes doivent se rendre sur le continent. Face à l'augmentation du taux de médecins hospitaliers qui font jouer la clause de conscience, le gouverneur du Latium Nicola Zingaretti a annoncé le lancement d'un appel à candidatures dans le secteur public. Cette opération touche en premier l'hôpital public San Camillo, le plus grand établissement de toute la capitale situé au cœur de Rome. Les termes de l'appel à candidatures prévoient que les deux praticiens recrutés doivent répondre aux besoins de la structure en ce qui concerne les IVG. En clair, ils ne peuvent pas être objecteurs de conscience.

Un droit fondamental

Cette opération relance le débat sur les interruptions de grossesses, les opposants à la loi 194 arguant que ces recrutements ne respectent pas « un droit de nature constitutionnel, celui à l'objection de conscience » selon la CEI, la conférence des évêques italiens. La CEI a également rappelé qu'un article de la loi 194 autorise les médecins à faire jouer la clause de conscience pour des raisons religieuses ou personnelles. C'est aussi l'argument soulevé par Cesare Mirabelli, président émérite de la Cour constitutionnelle.

« L'objection de conscience est un droit fondamental et il n'en peut en aucun cas être utilisé comme critère de discrimination pour écarter des personnes voulant participer à des appels lancés dans la fonction publique. La liberté de conscience est un droit inaliénable », affirme Cesare Mirabelli. La ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, proche des mouvances catholiques, estime pour sa part que « ce genre de sélection et ce type de paramètres, ne sont pas prévus par la loi 194 ». La discussion a pris une tournure nationale, d'autres régions comme la Lombardie ayant annoncé qu'elles ne suivront pas l'exemple du Latium. « La décision prise par la région du Latium est dangereuse, l'idée de recruter des gynécologues sur la base de leurs convictions éthiques est inacceptable. Il faut au contraire, éviter les IVG et renforcer la prévention », a déclaré Roberto Maroni, gouverneur de la Lombardie et numéro trois du parti populiste la Ligue du Nord.

De notre correspondante, Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr