CONGRES HEBDO
LE QUOTIDIEN - Quelle est la prévalence de la dégénérescence maculaire liée à l'âge et comment peut-on la définir ?
Drs CORINNE DELAHAYE-MASSA et SALOMON-YVES COHEN - La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est une affection de plus en plus fréquente en raison du vieillissement de la population. Sa prévalence est plus élevée dans les pays développés pour des raisons encore mal connues. La DMLA touche le centre de la rétine, c'est-à-dire la macula, et peut au pire entraîner une perte de la vision centrale (avec perte de la lecture, de l'écriture, de la reconnaissance des visages, des détails fins limitant un certain nombre d'activités, comme la couture...). En revanche, le champ visuel périphérique est maintenu de sorte que les patients ne sont pas totalement aveugles. En outre, ils peuvent garder une réelle autonomie pour se déplacer, s'alimenter, s'habiller : c'est pourquoi l'importance de cette affection est sous-estimée par les pouvoirs publics. Cependant, des études récentes menées sur la qualité de vie des patients atteints de DMLA à un stade sévère ont montré une altération de leur qualité de vie égale à celle de maladies chroniques très invalidantes.
Quels sont les traitements actuellement proposés pour la dégénérescence maculaire liée à l'âge ?
Pour la forme atrophique (dite sèche) avec disparition prématurée des cellules visuelles, forme la plus fréquente mais la moins sévère, nous ne disposons actuellement d'aucun traitement. Une autre forme néovasculaire (dite humide) peut bénéficier de thérapeutiques actives sur les vaisseaux d'origine choroïdienne qui se développent sous la rétine. Pendant longtemps, le seul traitement a été la photocoagulation au laser qui détruisait ces néovaisseaux et empêchait leur progression au centre de la rétine. Les nouvelles approches thérapeutiques apportent des espoirs certains, avec notamment la thérapie photodynamique. Cette technique consiste en l'injection par voie I.V. d'un produit sensibilisant (Visudyne commercialisé par CIBA Vision/Novartis) qui est ensuite activé par la lumière laser et entraîne une sclérose chimique des vaisseaux. La DMLA est ainsi la première application en ophtalmologie de la thérapie photodynamique, déjà utilisée en cancérologie. Cette nouvelle technique représente un progrès thérapeutique indéniable, car elle permet, dans de nombreux cas, d'éviter ou de retarder la perte de la vison centrale chez le sujet âgé.
De plus en plus souvent, nous essayons de recourir à des lasers moins agressifs lorsque les vaisseaux sont situés en plein centre de la rétine. C'est le cas de la thermothérapie transpupillaire qui ne vise qu'à réduire l'oedème sans brûler les vaisseaux sous peine de détruire la macula.
Quelle est la place des techniques de rééducation visuelle dans la DMLA ?
Les techniques de rééducation visuelle sont particulièrement indiquées lorsque les patients conservent un handicap visuel malgré le traitement, lorsque les tentatives thérapeutiques ont échoué, ainsi que dans les formes cliniques, comme la DMLA atrophique qui ne relève d'aucun traitement. L'objectif de ces techniques de rééducation orthoptique, associées à des systèmes grossissants divers, est d'apprendre à la rétine périphérique à fonctionner à la place de la rétine centrale. Autrement dit, à utiliser au mieux les capacités visuelles restantes. Les résultats de ces techniques sont intéressants, car ils permettent de surmonter le handicap visuel et de retrouver une possibilité minimale de lecture.
D'après un entretien avec les Drs Salomon-Yves Cohen et Corinne Delahaye-Massa, centre ophtalmologique d'imagerie et de laser, Paris.
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