Les réductions de financement de 2018 affectent principalement le fonds de prévention créé en 2010 par Obamacare. Or celui-ci représente 12 % du budget des CDC. En décembre 2017 déjà, 750 millions de dollars avaient été prélevés de ce fonds pour financer un programme d’assurance maladie pour les enfants de familles à revenus modestes cependant trop élevés pour pouvoir bénéficier du programme destiné aux pauvres.
La loi signée en février, retire à ce fonds 1,35 milliard de dollars supplémentaires sur dix ans. Avant même le vote de février, 200 associations et organisations de santé publique avaient adressé une lettre au Congrès américain pour s’opposer aux coupes. Parmi celles-ci, l’association américaine de santé publique (APHA), qui compte 25 000 membres, a fait part de sa déception dans un communiqué, rappelant que « le fonds de prévention constitue un composant critique du budget des CDC et qu’il soutient des projets de protection des enfants contre l’empoisonnement au plomb, de nombreux programmes de vaccination et d’autres activités de santé publique importantes ». Le Dr Georges Benjamin, directeur exécutif de l’APHA indique au « Quotidien », que « le fonds de prévention est de l’argent pour l’innovation, pour nous aider à améliorer la prévention (alors que) seulement 3 % des dépenses sanitaires sont actuellement utilisées pour la santé publique. »
Un risque d'épidémies mondiales
Le Dr Tom Frieden, directeur des CDC de 2009 à 2017, a déclaré, pour sa part, au magazine « The Scientist » : « La mission des CDC est de garder les Américains en bonne santé, mais sans financement, les CDC ne pourront pas nous protéger. » Un autre programme des CDC destiné à soutenir des initiatives concernant la santé mondiale, créé en 2015 à la suite de l’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’ouest et recevant plus de 580 millions de dollars par an, voit son financement s’interrompre en septembre 2019. En conséquence, les CDC ont annoncé la diminution ou l’arrêt de leur intervention dans 39 des 49 pays où ils s’étaient engagés. Si ce programme ne reçoit pas de nouveaux financements à l’avenir, prévient le Dr Benjamin, « cela va accroître le risque d’épidémies mondiales que nous ne pourrons pas contrôler. »
Quant aux réductions budgétaires extrêmes préconisées par la Maison Blanche pour l’année fiscale 2019, le Dr Benjamin insiste qu’elles ne seront pas retenues lorsque le Congrès américain va réécrire le budget. Elles comprennent une réduction de 21 % du budget du département de la santé américain et le non-renouvellement du fonds de prévention des CDC, ainsi que le transfert en dehors des CDC des stocks de produits stratégiques nationaux et de l’Institut national de la santé et de la sécurité au travail. Mais si ces mesures devaient passer indique l’APHA dans un communiqué, elles « ravageraient des programmes de santé publique vitaux ».
Le Dr Benjamin commente : « Les priorités soulignées dans ce budget constituent une tentative intentionnelle de repousser le moment d’aborder (…) la prévention des maladies chroniques, l’arrêt des maladies infectieuses, y compris la grippe, et la construction d’une infrastructure durable. Nous pouvons prévenir ces problèmes maintenant, ou nous pouvons payer dix fois plus cher pour réparer les dégâts à l’avenir. »
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