S ELON un sondage SOFRES* réalisé en novembre et décembre pour le ministère de l'Education nationale et l'hebdomadaire « l'Usine nouvelle », 88 % des Français croient au pouvoir de la science.
Cette confiance s'accroît avec le niveau d'instruction des personnes interrogées, pour atteindre 92 % chez les diplômés de l'enseignement supérieur. Seulement 3 % pensent que la science apporte plus de mal que de bien. Même si cela semble assez contradictoire, la grande majorité des personnes envisage favorablement la prise de risque, à condition qu'elle soit utile pour le consommateur. Ils sont 71 % à se prononcer en faveur du clonage de cellules humaines à des fins thérapeutiques (tout en étant 89 % à penser que le clonage est « une pente dangereuse car on risque de l'appliquer aux êtres humains »). Cependant, 52 % se disent pour l'augmentation de la recherche fondamentale « même quand on ne sait pas si elle aura des applications pratiques ». Pour 63 % des personnes interrogées, on doit, de toute façon, appliquer le principe de précaution de façon à éviter au maximum le risque technologique.
La perception du chercheur est également ambiguë : 87 % estiment qu'ils travaillent pour le bien de l'humanité tandis que 81 % jugent qu'ils ont un pouvoir qui peut les rendre dangereux. Ainsi, 78 % estiment qu'il est nécessaire de les contrôler afin « d'éviter les dangers pour la société » : 45 % se prononcent pour leur contrôle par des comités d'éthique. Certains préfèrent que le contrôle soit effectué par des comités de scientifiques (33 %) ou par le Parlement (13 %).
Si l'on se fie aux résultats du sondage, les Verts paraissent bien placés pour remporter des voix aux prochaines élections municipales : en effet, 64 % des personnes interrogées pensent que la qualité de l'air dans les villes va encore se dégrader. Dans les cinquante dernières années, la qualité de l'air (96 %), la nourriture (69 %), la qualité de l'eau (61 %) se sont détériorées. Seule la santé trouve grâce aux yeux des sondés : 73 % d'entre eux estiment qu'elle s'est améliorée. La conséquence est que 71 % des personnes interrogées souhaitent que les crédits pour la recherche scientifique et technique augmentent dans le domaine de l'environnement.
Sur la scène internationale, les Français, moins libéraux qu'on ne pourrait le croire, estiment que le prestige de leur pays doit plus à la langue et à la culture (58 %) qu'au développement économique (34 %) ou qu'aux réalisations scientifiques (27 %). Ce sont encore les Français qui pensent le plus majoritairement (83 %) que « la science n'a pas le droit de faire certaines choses parce que cela transformerait trop la nature », devant les Britanniques (75 %) et les Américains (70 %). De manière générale, alors qu'ils font confiance à la science, les Français sont les plus inquiets des risques potentiels que font peser les progrès scientifiques et techniques sur la santé. Pour les organismes génétiquement modifiés (OGM), 49 % des personnes interrogées avouent qu'ils essaieront de les éviter « dans la mesure du possible » contre 44 % des Allemands ou 38 % des Américains. Cette inquiétude vaut aussi bien pour la pollution créée par les voitures que pour les pesticides utilisés pour la production de plantes.
* En France, le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 1 500 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.
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