LA SOMNOLENCE diurne se manifeste par une sensation de somnolence, la nécessité de lutter pour rester éveillé, voire des endormissements involontaires quand les personnes sont en situation peu stimulante. Longtemps considérée, à tort, comme un signe d'indolence ou de paresse, elle est un symptôme d'alerte de nombreuses pathologies qui font courir à l'individu et à la société des risques bien identifiés.
Une enquête Sofres, réalisée en février auprès d'un échantillon national représentatif de 959 personnes âgées d'au moins 18 ans, révèle que la somnolence concerne une grande majorité de Français. En effet, 7 patients sur 10 ressentent des périodes de somnolence dans la journée ou au réveil et 27 % se disent gênés par ce problème. Six pour cent des Français avouent qu'il leur arrive de somnoler au volant. Vingt et un pour cent des Français sont affectés par les endormissements involontaires pathologiques et un tiers d'entre eux peuvent être considérés comme atteints d'une somnolence sévère ; parmi ces personnes somnolentes, seulement 15 % en ont parlé à leur médecin.
La somnolence est considérée comme un problème sérieux par 81 % des Français et 66 % d'entre eux trouvent anormal de somnoler dans la journée. Pourtant, les personnes atteintes de somnolence semblent peu conscientes de leur état et de ses conséquences : 1 sur 3 ne se déclare pas somnolente et 1 sur 4 ne considère pas la somnolence comme un problème sérieux. Les personnes les plus concernées sont les jeunes (36 % des 18-24 ans), les adultes ayant au moins un enfant de moins de 15 ans au foyer (26 %), les agriculteurs, commerçants et artisans (37 %). L'enquête souligne que la somnolence n'est pas directement liée au manque de sommeil ou à un travail posté.
Des pathologies à traiter.
Toujours selon l'enquête Sofres-ISV, 7 % des Français ont au moins une maladie du sommeil diagnostiquée ; 45 % des personnes diagnostiquées sont traitées et 47 % des personnes traitées ont senti leur somnolence diminuer.
Parmi les maladies qui provoquent la somnolence, le syndrome d'apnées obstructives du sommeil est la plus fréquente. Elle est constatée chez 9 à 24 % des hommes et 4 à 9 % des femmes, et multiplie par 6,6 le risque d'accident de la route. Deuxième cause de somnolence diurne, la narcolepsie est caractérisée, souvent dès l'adolescence, par des excès de sommeil irrésistibles. L'hypersomnie idiopathique est une pathologie moins fréquente. Elle est caractérisée par un allongement pathologique du temps de sommeil : le malade se plaint de n'être jamais totalement éveillé, la somnolence diurne est importante, le sommeil est long et non réparateur. Comme le souligne le Pr Patrick Lévy, président de l'ISV, « ces pathologies fréquentes et graves font courir à l'individu et à la société des risques bien identifiés. Il est nécessaire de dépister plus activement ce trouble dans la population générale, à l'école, au travail et dans le cabinet du médecin. Il est urgent de donner plus de moyens de diagnostic et de traitement à la médecine de ville et hospitalière, afin que la somnolence conduise à un avis spécialisé et à un suivi spécifique ».
Conférence de presse à laquelle participaient le Pr P. Lévy et les Drs M.-F. Vecchierini, P. Philip, A. Muzet et S. Royant-Parola.
Laissez dormir les ados
Les adolescents qui ont un retard de phase quasi physiologique (lié à des modifications hormonales, à des changements de structure du sommeil et à des facteurs psychoculturels) sont en grande privation de sommeil en raison des impératifs des horaires scolaires imposant un lever précoce, et somnolent dans la journée. D'ailleurs, ces adolescents dorment entre 1 heure et 4 heures supplémentaires les week-ends. C'est pourquoi, dans certains Etats américains, l'heure de début des cours a été retardée, pour améliorer la vigilance et l'efficience intellectuelle de ces jeunes dans la journée.
Portes ouvertes dans les centres du sommeil
Pour que les troubles du sommeil cessent d'être une fatalité et pour mieux faire connaître les solutions, notamment contre la somnolence excessive, près de quarante centres de sommeil se mobiliseront le 17 mars, avec la participation des associations de malades et d'éducation pour la santé des départements. Le public pourra rencontrer des spécialistes du sommeil dans trente et une villes françaises.
Informations sur le site : www.institut-sommeil-vigilance.com.
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